Pourquoi renouveler l’air dans un habitat ?
Le besoin de renouvellement d’air s’est fait de plus en plus nécessaire au fur et à mesure de l’évolution de l’habitat, qui est passé, au fil des ans, de (presque) précaire à très performant.
Un peu d’histoire : autrefois, un habitat était constitué de quelque pièces à vivre, allant couramment de une à trois, rarement plus, à l’exception des maisons de maître et autres châteaux, ce qui ne change rien quant aux besoins de renouvellement d’air.
Contexte résumé de la situation à l’époque :
- Des menuiseries non étanches au vent et à l’air,
- Un chauffage effectué avec des cheminées à foyer ouvert.
Ces 2 éléments, à eux seuls (et il y en aurait d’autres à citer) justifient de la facilité du renouvellement d’air à l’époque.
Les constructions d’aujourd’hui :
- Des menuiseries étanches,
- Des conduits cheminées tubés, appareils de chauffage avec foyers fermés (qu’ils soient au bois ou autre),
- Eventuellement, particulièrement dans le neuf, étanchéification totale de l’habitat au vent
Rien que ces 3 éléments situent les différences importantes entre un bâti ancien “dans son jus” et un bâti aux normes actuelles.
Il convient d’y ajouter :
- Un chauffage à 19 à 21° voir plus, contre 12 à 14° autrefois,
- Le lavage du linge à l’intérieur, non plus au lavoir,
- Séchage du linge également à l’intérieur, non plus sur le fil dans le jardin,
- Un bain ou une douche au quotidien contre un petit lavage à la bassine hebdomadaire,
- On vivait à 60% du temps à l’extérieur au début du 20ème siècle, à 70% à l’intérieur maintenant,
- Les parements étaient soit en bois naturel, soit en terre, soit plâtrés, si peints : badigeon de chaux. Aujourd’hui divers matériaux, plus ou moins à base de produits chimiques,
- Pour les meubles, il en est de même, on est passé du bois massif (en nombre limité), entretenu à la cire d’abeille, au mélaminé ou au bois vernis, le plus souvent avec un vernis au polyuréthane,
- Des émissions Composés Organiques Volatiles (COV) provenant de divers matériaux et revêtements (Lire notre dossier : Revêtements de sols, murs et plafonds),
- Des émissions de phtalates et autres composés plastiques en provenance de jouets, mobilier et autres électro-ménagers
Ces autres éléments ont profondément changé la qualité de l’air intérieur de nos habitats.
La teneur en vapeur d’eau
C’est un des éléments le plus important dans ces changements :
- Un air chaud peut contenir plus de vapeur d’eau qu’un air froid,
- Nous émettons beaucoup plus de vapeur d’eau dans nos habitats qu’autrefois (douches, lessives, vaisselle, cuisine, respiration, transpiration, …)
- Un air fortement humide est plus inconfortable et difficile à chauffer qu’un air “sec”,
- Nos habitats, plus chauffés, génèrent naturellement une migration de l’air au travers des parois,
- Cet air, l’hiver, en se rapprochant de l’extérieur, se refroidit, ce qui engendre des condensations et la matérialisation du point de rosée.
Les conséquences de cette condensation
- Des auréoles et traces grises, voir noires, sur les parois extérieurs, à l’intérieur de l’habitat,
- Un pourrissement possible des bois d’œuvre,
- De la rouille des ferrailles qui ont servi à armer les bétons,
- Des micro-fissurations puis fissurations des bétons,
- Le développement de moisissures sur l’intérieur des murs extérieurs, lesquelles émettent des spores fortement allergisants,
Alors vous l’avez compris, il est plus que nécessaire de renouveler correctement l’air de nos habitats !
Nous présentons ici des pistes et nous attirons l’attention sur 2 points :
- De nombreux autres critères doivent être pris en compte pour opérer un choix judicieux :
– Niveau de perspiration des parois extérieures,
– Niveau d’étanchéité du bâti au vent et à l’air,
– Niveau des émissions (résidence principale, secondaire, tertiaire , …)
- Se faire accompagner d’un professionnel est vivement conseillé pour :
– Le calibrage de l’équipement du fait du volume à traiter, de l’emploi du bâti, …,
– Le réglage du système (débits, température, …)
Quelles solutions s’offrent à nous?
Ouvrir les menuiseries extérieures
Oui, à condition de renouveler l’opération 6 à 8 fois par jour, sur un temps suffisamment long pour un renouvellement total et avec un délai maxi de 3 à 4 heures entre 2 opérations!
Vous l’avez compris : fausse bonne solution !!
La Ventilation naturelle
Il faut prévoir une ou des prises d’air basses, et des prises d’air hautes, pièce par pièce.
Ces prises d’air seront dimensionnées pour permettre le renouvellement nécessaire.
Inconvénients :
- Cette solution est extrêmement difficile à calibrer et, très souvent, assez pénalisante au niveau des volumes d’air renouvelés (trop ou trop peu …),
- Les calories de l’air qui sort sont perdues,
- L’air entrant n’est pas pré-chauffé.
Dans le cadre d’une construction neuve, avec les conseils d’un bon expert, cette solution peut toutefois se révéler la plus pertinente et la plus économique.
Lire notre dossier : Chaleur & froid
La Ventilation Mécanique Contrôlée simple flux (VMC) :
Il s’agit d’une ventilation assurée par un bloc d’extraction électrique, petit ventilateur permanent. La consommation est très faible (de l’ordre de 15 à 25 watts par heure).L’air est extrait depuis les pièces humides (cuisine, salle de bain, salle d’eau, wc).
Il est aspiré via des gaines et expulsé vers l’extérieur. De l’air « neuf » pénètre dans l’habitat via des prises d’air sur les menuiseries des pièces sèches (salon, séjour, chambre, bureau, …). Les débits sont fixes et assurés par des réglettes posées sur ces prises d’air.
Inconvénients :
- Les calories de l’air extrait sont perdues,
- Faute de savoir à quel moment il sera nécessaire de renouveler l’air, l’extraction est permanente,
- L’air ré-intégré n’est pas pré-chauffé,
La VMC hygro A :
Le principe général est celui de la VMC simple flux, la différence se situe, et ce n’est pas rien, au niveau de l’extraction :
- Les bouches de collecte dans les pièces humides vont s’ouvrir ou se fermer (jamais complètement) en fonction des niveaux d’humidité relatifs dans les pièces humides,
- Les prises d’air sont identiques à celles des simple flux.
Avantages :
- Les débits d’air extraits sont limités au strict nécessaire du fait de la saturation ou non de l’air des pièces humides en vapeur d’eau,
- Donc, économie de consommation de la machine (dérisoire) mais surtout, extraction de moins d’air chaud, donc perte de moins de calories sur l’air chaud extrait.
Inconvénients :
- Il n’est tenu compte que de la teneur en vapeur d’eau pour déclencher le renouvellement.
- Il se peut donc que l’air soit complètement vicié pour une autre raison et l’air ne sera, malgré tout, que faiblement renouvelé.
La VMC hygro B :
Le principe général est le même que celui de l’hygro A. La différence se situe au niveau des prises d’air qui, elles aussi, sont auto-réglables en fonction de l’hygrométrie de la pièce où elles se situent.
Avantage :
Idem hygro A
- Les débits d’air extraits idem VMC hygro A,
En plus de l’hygro A
- Les volumes d’entrée sont maîtrisés
Inconvénients :
Idem hygro A
- Il n’est tenu compte que de la teneur en vapeur d’eau pour déclencher le renouvellement.
- Il se peut donc alors, que l’air soit complètement vicié pour une autre raison, ne soit pas suffisamment renouvelé. .
La VMC Double Flux centralisée :
Il s’agit de systèmes qui, d’une part, extraient l’air depuis les pièces humides et, d’autre part, insufflent de l’air neuf dans les pièces sèches. Elles sont équipées d’échangeurs qui récupèrent les calories de l’air extrait pour préchauffer l’air entrant.
Les extractions et insufflations se font via des gaines qui relient la machine aux bouches. Il est nécessaire d’installer la machine dans la partie chauffée. Les gaines doivent être isolées Il est préférable que l’étanchéité à l’air globale de l’habitat soit de bon niveau.
Avantages :
Les calories de l’air sortant ne sont pas intégralement et définitivement perdues, les volumes entrant et sortant sont toujours équilibrés,
Les volumes renouvelés sont fixes et permettent de disposer d’un air sain.
Inconvénients :
- Machines plus coûteuses mais sur-coût amortissable,
- Machine à intégrer dans le volume isolé et chauffé, donc consommation de place,
- Beaucoup de gaines, qui plus est, parce qu’isolées, relativement volumineuses, parfois difficiles à intégrer.
- Nécessite un entretien pour que l’échangeur reste performant,
Compléments possibles :
- L’air insufflé peut provenir d’un puits canadien (ou provençal, c’est la même chose), il est ainsi préchauffé,
- L’air insufflé peut provenir d’un échangeur à eau qui aura puisé des calories dans le sol, à l’identique d’un puits canadien, mais en version hydraulique,
Options possibles :
- VMC Double Flux Thermodynamique : ajout, dans la machine, d’une pompe à chaleur qui réchauffe l’air entrant à la sortie de l’échangeur, avant son insufflation dans le bâtiment. Le réchauffement du gaz après détente s’opère sur l’air extrait, donc à température relativement stable, donc avec un COP stable.
- VMC thermodynamique réversible : elle peut aussi assurer une climatisation l’été.
La VMC double flux décentralisée :
Il s’agit de machines de petites dimensions qui assurent à la fois l’extraction de l’air intérieur vicié et l’insufflation d’air extérieur “propre” ou “neuf” tout en récupérant les calories de l’air extrait pour pré-chauffer l’air entrant. Ces machines sont, soit uniques et indépendantes (pièce par pièce, souvent pour les pièces d’eau), soit couplées 2 par 2 électriquement mais sans nécessité de gaine pour les relier.
Inconvénients :
- L’inconvénient majeur peut être, pour certaines, le bruit généré,
- Leur prix : très proche de celui de VMC double flux centralisées, parfois moins chères,
- Ne peuvent pas être couplées avec des puits canadiens,
Avantages :
- Comme pour les VMC double flux centralisées : récupération des calories sur l’air extrait,
- Pas de gaines à passer, et donc à prévoir!
La Ventilation Mécanique d’Insufflation :
Il s’agit d’une machine qui, au lieu d’extraire l’air depuis les pièces humides, à l’image d’une VMC simple flux, va insuffler l’air neuf dans les pièces humides, ce qui va provoquer l’extraction par les grilles sur les menuiseries.
Le plus souvent elles sont proposées en remplacement des simples flux dans le cadre de travaux de rénovation ou d’amélioration thermique :
Inconvénients :
- Mise en pression de l’habitat,
- Provoque le transit d’air humide via les pièces sèches et donc, ainsi, génère un sentiment d’inconfort,
- N’apporte rien de plus qu’une VMC simple flux,
Option : pré-chauffage de l’air
- Se fait grâce à une résistance électrique directe,
- Engendre une consommation électrique importante car chauffage par “effet joule”
Notre avis : à éviter !
Obligations et réglementation : DTU 68.3
Pour une gestion plus facile et dans le but de réduire sa consommation de chauffage, vous pouvez vous servir d’un système domotique. Lisez notre dossier sur : Domotique & objets connectés
En savoir +
Syndicats :
AIR H : partenariat entre 6 industriels de la ventilation
Uniclima : Syndicat des Industries Thermiques, Aérauliques et Frigorifiques
SYNASAV : Syndicat National de la Maintenance et des Services en Efficacité Energétique
Associations :
AICVF, Association Professionnelle des Ingénieurs en Climatique, Ventilation et Froid
Une vidéo très instructive sur le renouvellement d’air et ventilation :
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