Il n’est pas rare de rencontrer des maisons avec des toitures végétalisées dans les grandes agglomérations. Ce concept original d’habitat durable et respectueux de l’environnement ne date pas d’aujourd’hui, il faut remonter à 12 500 av J-C pour retrouver les vestiges de ces techniques chez les amérindiens et, plus récemment, chez les vikings.
La toiture végétalisée ou toit végétalisé ou toit vert se caractérise par une toiture recouverte d’une végétation faite de plantes, fleurs ou herbes. Elle est une alternative aux toitures classiques en tuiles ou tôles et offre à la maison un caractère véritablement écologique.
Les pays nordiques ont été les pionniers dans l’ère moderne à intégrer ce style de construction traditionnelle dans leur habitat. Au cours des années 1970, l’Allemagne, les Pays-Bas et bien d’autres pays scandinaves ont montré leur intérêt dans la construction des maisons avec toitures végétalisées. Pour ce qui est du cas de la France, c’est seulement ces dernières années que les particuliers et les architectes commencent à l’adopter, mais elle est encore loin des avancées de ses voisins. 13 millions de m2 de toiture végétalisée sont posées chaque année en Allemagne alors qu’en France, selon le CSTB (Centre Scientifique et technique du Bâtiment), il n’en serait posé que 200 000 m2 .
Les avantages de la végétalisation
En dehors de son intérêt écologique pour un habitat respectueux de l’environnement et de la biodiversité, l’installation d’une toiture végétalisée présente plusieurs avantages :
Protection et allongement de la durée de vie du toit
Les toitures végétalisées, grâce au volume tampon qu’elles représentent, les protègent contre les agressions thermiques et les intempéries.
Isolation thermique et acoustique
L’été, lorsqu’il fait très chaud, maintien une température agréable à l’intérieur des habitations. A l’inverse, l’hiver, elle protège du froid et maintient la chaleur à l’intérieur. C’est donc un régulateur de température qui permettra de réduire considérablement votre facture énergétique. La toiture végétalisée procure également un confort acoustique grâce à la couche des plantes qui recouvrent sa surface. Les bruits provenant de l’extérieur sont ainsi amortis.
Atténuation des îlots de chaleur en milieu urbain
Ces zones en milieu urbanisé favorisent des températures plus élevées que dans les zones périphériques. La multiplication des toits verts accentuerait cette modération de la température ambiante extérieure
Régulation hygrométrique
Perspirant, un toit vert régule l’humidité de l’air.
Filtrage de l’eau
Les toitures végétalisées facilitent la gestion des eaux pluviales par une diminution et une régulation de la quantité d’eau reçue par la maison. Une partie de cette eau est conservée par les plantes pour leurs besoins propres, l’autre peut être récupérée dans des cuves de stockage pour une redistribution (potage, toilettes, lessives).
Pour plus d’infos, voir notre dossier Récupération de l’eau.
Réduction du risque d’inondation
Grâce au système de drainage des eaux de pluie et à la diminution des eaux de ruissellement, les toitures végétalisées réduisent le risque d’inondation. Elles ont ainsi la capacité à retenir les eaux pluviales et de les évacuer par la suite par l’évapotranspiration naturelle propre aux végétaux.
Dépolluant
Par le processus de la photosynthèse, le toit vert retient le CO2 qui pollue l’air pour rejeter ensuite l’oxygène. Le système d’évapotranspiration des plantes sur un toit terrasse engendre la formation de la rosée qui à son tour, fixe les particules toxiques et les poussières suspendues dans l’air.
Pour plus d’infos, lire notre dossier Assainissement autonome.
Esthétique (couleurs, nature)
Une maison qui bénéficie d’un toit végétalisée a fière allure avec des formes très esthétiques qui laissent percevoir les détails de conception de l’architecte. Elle laisse transparaître l’impression d’une maison apaisante, reposante et où il fait bon vivre.
Apport de biodiversité
Les toits verts dans une agglomération améliorent la biodiversité et contribuent à la diversité des végétaux,ce qui favorise le retour des oiseaux et insectes dans les centres-villes.
Ses inconvénients
Malgré toutes les qualités écologiques des toitures végétalisées, elles présentent quelques inconvénients qui peuvent,parfois en ralentir l’expansion sur l’habitat :
- Il faut prévoir un toit adapté : toutes les toitures ne peuvent pas accueillir une toiture végétalisée. Le premier critère consiste à prévoir un toit-terrasse suffisamment rigide, solide, étanche et peu pentue, ce qui implique, entre autres, une augmentation des sections des pièces porteuses.
- Le coût d’installation par un professionnel : l’installation d’un toit végétalisé est assez coûteuse. Il faut prévoir en moyenne un montant 4 à 5 fois plus élevé que celui d’une toiture classique. Mais ce coût élevé au départ sera rapidement rentabilisé par les économies d’énergie au cours des années suivantes.
- La difficulté à installer des panneaux photovoltaïque : l’intégration d’une source d’énergie propre comme les panneaux photovoltaïques est assez difficile, mais reste possible. Les professionnels, aujourd’hui, appliquent une nouvelle technique de pose qui consiste en la fixation des châssis spécifiques pour maintenir l’étanchéité de l’immeuble.
- Ne s’improvise pas dans le choix des matériaux, des plantes : contrairement à une toiture classique, le choix des matériaux (pour l’étanchéité notamment) et des plantes est primordial. Elles doivent, entre autres, être à croissance lente afin de limiter le temps consacré à l’entretien. Les espèces à feuilles caduques sont à éviter, elles peuvent boucher les gouttières. Certaines plantes sont même formellement interdites en terrasse jardin.
- Nécessite un entretien : un toit vert exige de l’entretien et le temps à y consacrer dépendra du type de substrat et de la végétation choisie. Privilégiez une toiture extensive dotée de plantes légères et qui demandent seulement un entretien annuel.
Les différents types de végétalisation
Le concept des plantes végétalisées ne concerne pas uniquement les toitures, il peut s’étendre aux murs extérieurs ou à l’intérieur de vos habitations. Il existe une grande diversité de type de végétalisation en fonction des plantes choisies et de la surface sur laquelle elles seront implantées :
Les murs extérieurs / intérieurs
La végétalisation des murs est également un concept qui date de milliers d’années. On les qualifie de murs vivants, car ils se caractérisent par un écosystème de plantes grimpantes. Ce concept offre bien des avantages, autant pour le propriétaire de la maison que pour l’environnement. Le revêtement murs avec des des plantes joue un rôle important dans la régulation de la température à l’intérieur de la maison et contribuent à une épuration des eaux pluviales et de l’air. Le microclimat qui règne sur les murs vivants peut servir de refuge et de garde-manger pour les oiseaux et les insectes.
Toiture végétalisée sur maison
C’est le type de toit vert le plus répandu en France. De plus en plus d’architectes n’hésitent plus à proposer des conceptions de maisons contemporaines avec des toits végétalisés. Bien que les travaux soient plus coûteux pour les particuliers, il y a un retour sur investissement quelques années plus tard grâce à : la régulation de température à l’intérieur de la maison qui permet de faire des économies en énergie électrique, l’isolation phonique et la sensation de bien-être dans un habitat sain et durable. De plus, un toit vert rehausse le charme et la valeur esthétique de la maison.
En toit terrasse sur immeuble
On remarque de plus en plus en plein centre-ville des immeubles avec un écosystème végétalisé sur leur toit. Il ne s’agit pas uniquement d’un concept esthétique. L’énergie utilisée par ces grands bâtiments est assez budgétivore et le toit vert peut permettre de réduire cette dépendance par une isolation thermique. L’air ambiant purifié par les plantes va contribuer au développement d’un environnement sain.
Un jardin potager ou espace paysager sur un toit
Pas assez d’espace dans la cour pour créer un petit potager, un jardin ou un cadre paysager ? Il est possible de se créer une petite merveille écologique avec un potager urbain sur un toit terrasse.
Le substrat à privilégier ici sera du compost et il est même possible de planter un grand nombre d’espèces de légumes et de fruits. Pour une meilleure croissance des fruits, on peut aussi prévoir une petite ruche d’abeilles pour la pollinisation surtout si vous résidez en milieu urbain. A Paris, par exemple, de plus en plus de toits terrasses sont investis par des groupes qui y cultivent des micro-jardins.
Pour plus d’infos, lire notre dossier sur l’auto-alimentation.
Les différentes techniques et innovations des toits verts
Généralement, on retrouve 3 techniques de végétalisation de toiture en France qui dépendent de l’épaisseur des substrats, des espèces de plantes et de la technique de conception :
Les techniques de végétalisation
La végétalisation extensive
Cette forme de végétalisation est moins complexe à mettre en œuvre, car l’épaisseur des substrats ou de la terre est seulement de 4 à 15 cm. Cette faible épaisseur est suffisante pour procurer une isolation acoustique et thermique dans la maison. Les plantes utilisées doivent avoir de faibles besoins nutritionnels. La végétalisation extensive ne nécessite pas d’entretien d’arrosage et convient à un petit budget. Le petit bémol est qu’il n’est pas possible de cultiver les plantes, encore moins de les piétiner.
La végétalisation intensive
L’épaisseur de la terre ici est supérieure à 30 cm et constitue un véritable écosystème écologique puisqu’il est possible d’y planter plusieurs espèces de plantes et même des arbustes pour le décor esthétique. Elle est plus adaptée aux surfaces moyennes, mais nécessite un entretien régulier : arrosage en été, taille, tonte… La masse de l’ensemble est généralement assez importante, c’est pourquoi il faut prévoir une structure robuste et adaptée au type du bâtiment. L’investissement est plus onéreux qu’une surface de végétalisation extensive.
La végétalisation semi-intensive
Pour un objectif purement décoratif, la végétalisation semi-intensive est plus adaptée. Avec une épaisseur moyenne de 15 cm de substrat, on peut aisément prévoir des plantes à fleurs ou du gazon pour donner une belle allure et un aménagement écologique. Elle nécessite un entretien limité, mais exige un budget moyen pour sa conception.
Les systèmes complets
Si votre budget est limité pour mettre en place une technique de végétalisation en terrasse, il reste la solution des systèmes complets prêts à l’emploi qui sont plus simples d’emploi :
Tapis pré-végétalisés de sédums
C’est un ensemble de tapis + substrat + le sédum, une solution de toiture végétalisée clé en main directement utilisable. Le tapis comporte plusieurs espèces de plantes (sédums) qui ont déjà été implantées et qu’il suffit de dérouler sur la terrasse ou sur une toiture en pente. Ce procédé nécessite un entretien régulier avec l’arrosage des plantes, surtout en été.
Station d’arrosage automatisée
Sur une végétalisation intensive ou semi-intensive, l’arrosage peut nécessiter du temps et devenir exigeant, surtout l’été. Elle est pratique si vous devez vous absenter pour une longue période pendant les périodes chaudes.
Caissons emboîtables prévégétalisés ou autodrainants
Les caissons emboîtables sur la toiture-terrasse sont une autre solution pour végétaliser sa toiture. Certains sont autodrainants et sont même munis d’une petite réserve d’eau. Ces caissons peuvent constituer des emplacements pour un potager sur la toiture.
Intégrer un complexe de végétalisation sur sa toiture permet de réguler la température à l’intérieur de la maison et d’atténuer les bruits provenant à l’extérieur. En milieu urbain, les toitures végétalisées participent à l’amélioration de la qualité de l’air et un meilleur drainage des eaux pluviales. En plus des toits, on observe de plus en plus des plantes sur les murs ou les clôtures. Elles procurent une valeur esthétique au bâtiment tout en créant un microclimat propice aux oiseaux et aux insectes. Malgré un retard par rapport à nos voisins, le marché des toits verts connaît, en France, une croissance annuelle de 20%.
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