Pour aspirer à une meilleure vie sociale et professionnelle, nous sommes aujourd’hui de plus en plus nombreux à densifier les villes, parfois au détriment de la qualité de vie.
Pourtant des solutions existent pour éviter une trop grande densification (et donc pollution) des zones urbaines. Nos politiciens, nos élus territoriaux, urbanistes et architectes travaillent d’arrache-pied pour inverser une tendance miséreuse de ghettoïsation des quartiers, en reprenant souvent des solutions venues d’ailleurs : les habitats groupés, très tendance en Suisse, ou les éco-quartiers très développés chez nos voisins germains.
Qu’en est-il de ces solutions ? Qu’apportent-t-elles vraiment pour l’environnement ?
Notre analyse…
Voir notre dossier pour en savoir + sur les différences entre habitat groupé, éco-quartier, écovillage, éco-hameau et écolieu
L’habitat groupé, partagé ou participatif
L’habitat groupé est un ensemble d’au moins trois logements qui partagent un même projet d’un aménagement écologique. Il s’agit en fait de construire un « vivre ensemble » dans un groupement d’habitats durables pour réduire l’impact carbone et la pollution sur l’environnement. Ces formidables projets partagés ont débuté dans les années 1960, tout en restant longtemps au stade de balbutiements.
Il a fallu attendre les années 2000 pour voir de véritables constructions participatives en France et, malgré le retard pris par rapport à nos voisins, on rencontre aujourd’hui des centaines de projets similaires sur toute la France.
L’habitat groupé, dans son essence, peut être défini sur deux principes : une conception individuelle et une conception participative. La conception participative va aménager des espaces communs ouverts à tout le monde comme les potagers, jardins, ateliers de bricolage, piscine naturelle, dispositif de récupération d’eau commun, etc. La conception individuelle quant à elle concerne l’aménagement intérieur, un petit jardin privé, partage d’un lave-linge, etc.
Une réglementation toute récente
La création des habitats partagés et leur fonctionnement répondent à des règles bien précises. Elle évolue selon les besoins de la communauté et d’autres interactions liées à leurs utilisations. Une réglementation en date du 21 décembre 2015 apporte des précisions sur les projets groupés.
Elle concerne prioritairement les particuliers qui souhaitent se regrouper en communauté pour construire eux-mêmes leur logement groupé. Elle définit aussi les modalités de mise en location des logements construits, les possibilités de cession ou de donation et les conditions de retrait d’un associé appartenant à la communauté.
En fonction de la nature de la société choisie par la communauté (coopérative d’habitat, société d’attribution, d’autopromotion ou propriété), les membres peuvent avoir ou non l’obligation de ne pas faire une commercialisation de leur logement. Les règles de parts d’acquisition dans la coopérative sont clairement définies par cette nouvelle réglementation.
Vous pouvez lire le décret portant sur création et fonctionnement de l’habitat groupé
Le principe
L’habitat offre à chaque membre appartenant à la communauté de l’habitat groupé d’investir dans un logement à un coût avantageux. Son principe est basé sur la réduction de l’empreinte écologique. Il permet de bénéficier d’équipements ou aménagements partagés :
- Chambres d’amis à partager entre les habitants de l’habitat groupé
- Cuisine collective pour les fêtes, les repas pris en commun, mutualisée avec le café associatif
- Salle de réunion – bibliothèque – espace de jeux pour les enfants
- Buanderie avec des machines à laver professionnelles
- Atelier de bricolage
- Jardins et potagers collectifs
- Un réseau de récupération d’eau de pluie pour les usages domestiques
- Piscine naturelle
- Installation d’énergies renouvelables (solaire, éolien…) pour une autonomie énergétique
- Etc.
Apporter une dimension écologique
Si ce mode d’habitat est très tendance, nous pensons chez Build Green, qu’on doit le concevoir dans une démarche plus responsable en intégrant notamment des matériaux sains et performants, un chauffage en réseau de chaleur, sans combustible fossile, un jardin potager écologique. Améliorer le cadre de vie des résidents et surtout des enfants passe par des sacrifices payants à court et moyen termes.
Attention aux désillusions
Bien que l’habitat partagé soit très bénéfique pour de bonnes performances énergétiques et une construction à un prix avantageux, ce concept implique quelques défis à relever par les membres de la communauté : la cohabitation et la contribution aux activités communes. En effet, il faut être prêt à vivre en communauté et à apporter de l’aide en cas de besoin. Il sera difficile de s’épanouir dans un tel environnement communautaire pour quiconque est effrayé à l’idée de cohabiter avec le voisinage.
En plus des activités de proximité et des travaux à effectuer, tel que l’entretien des espaces communs ou du potager, il faut aussi être disposé à participer aux financements des communs, ce qui, parfois, représente un budget supérieur à celui d’une co-propriété classique.
Il est donc impératif d’avoir des prédispositions humanistes et sociales fortes.
Des exemples :
– Habitat groupé : habitat groupé
– Habitat participatif : habitat participatif
Une vidéo qui montre un exemple de cohabitation participatif depuis 40 ans. Elle a été créée dans les années 1970 par des jeunes de 30 ans et perdure encore de nos jours :
Associations :
- Habicoop : fédération nationale des coopératives d’habitants
- Eco-habitat groupé
- Liste d’habitats partagés : où sont les projets d’habitats partagés près de chez vous ?
- Grande base de données des projets d’Habitat Participatif et des Oasis
Les éco-quartiers
Face à la rénovation urbaine des quartiers difficiles et dans un contexte continu de l’étalement des villes, il se crée de plus en plus de concepts novateurs d’urbanisation. C’est le cas des Eco-Quartiers qui constituent des projets d’aménagement urbain et péri-urbain tout en respectant les principes d’un habitat respectueux de l’environnement.
Depuis une dizaine d’années des projets de quartiers écologiques sortent de terre en France. Comme c’est très souvent le cas dans l’habitat durable, les pays nordiques et l’Allemagne ont déjà une longueur d’avance sur l’intégration des principes fondamentaux de l’urbanisme durable.
Mais on peut déjà affirmer que des résolutions concrètes ont été prises et de nombreux Eco-Quartiers voient le jour un peu partout en France. L’objectif est de parvenir à la création de plus de 500 Eco-Quartiers fin 2018 et de passer des Eco-Quartiers prototypes (déjà fonctionnels) à des Eco-Quartiers accessibles à tous.
Un label poussé par le gouvernement
Pour faire progresser rapidement la création des Eco-Quartiers, le gouvernement a créé récemment le label Eco-Quartiers dont le but est de valoriser ce concept sur l’ensemble du territoire. Quatre objectifs majeurs ont été définis pour donner un nouvel élan à cette démarche initiée il y a 7 ans :
- Atteindre le quota de 500 Eco-Quartiers labellisés d’ici 2018 afin de lui donner une valeur universelle
- Faciliter la création de ce concept dans tous les types de territoire, depuis les milieux ruraux, jusqu’aux milieux urbains et quartiers sensibles.
- Montrer les véritables atouts des habitats écologiques avec l’implantation des Eco-Quartiers : économie circulaire, économie d’énergie, performance énergétique…
- Donner une meilleure lisibilité des projets éco-quartiers dans les milieux qui vont les accueillir, de la conception jusqu’à leur approbation par les habitants.
Le principe
Les Eco-Quartiers apportent une nouvelle expérience de développement durable et de diminution de l’impact écologique dans nos villes plombées par les bruits de circulation et la pollution. Ils intègrent parfaitement les principes de l’urbanisation durable parmi lesquels :
- Economie du foncier
- Circulation peu abondante et douce
- Valorisation et réutilisation de l’eau de pluie à travers le cycle de l’eau
- Choix des matériaux respectueux de l’environnement avec un faible impact écologique
- Valorisation des déchets à utiliser dans les potagers
- Création des espaces verts
- Diversité socioculturelle
- Utilisation des énergies renouvelables
- Etc.
Lire notre dossier : Recyclage a gestion des déchets
Comment rendre le concept plus responsable ?
Certes le concept des Eco-Quartiers intègre les objectifs de développement et d’urbanisation durable, mais il lui manque quelques principes pour asseoir totalement son caractère écologique (lire notre dossier Consomaction). Pour cela, les Eco-Quartiers doivent développer des solutions plus saines pour la santé, collaboratives à l’image des habitats participatifs avec les lieux communs notamment et autonome en énergie, par le co-investissement de systèmes solaires et/ou éoliens, notamment.
Autant que faire se peut, les matériaux utilisés pour construire les maisons doivent être issus de l’environnement proche du quartier : terre crue, paille, pierre, chaux, bois… L’architecture doit intégrer les principes du bioclimatisme.
En milieu urbain, les toitures végétalisées peuvent apporter des touches de verdure qui, au-delà du volet esthétique, aideront à la maîtrise de la température ambiante du quartier, à la collecte et à la rétention des eaux de pluie et, pourquoi pas, au développement d’une production locale de légumes ou de fruits.
Lire notre dossier : Eco-matériaux et matériaux biosourcés
Une opportunité pour les Smart Grids
Si la domotique (voir notre dossier) entre de plus en plus dans nos foyers, c’est une solution qu’on peut déployer à plus grande échelle via les réseaux électriques dits « intelligents » communément appelés les Smart Grids.
Ils utilisent les systèmes informatiques pour optimiser la production, la distribution et le stockage énergétique et ce, jusqu’au niveau du consommateur final. Cette nouvelle technologie utilisée par les grandes centrales électriques a pour but de réduire les coûts de production et les pertes énergétiques durant le transport sur le réseau.
Pour un développement durable et moins d’émission de gaz à effet de serre, les Smart Grids s’intègrent parfaitement dans la notion de « ville intelligente » pour lutter contre le réchauffement climatique. En France, plusieurs projets de réseaux électriques intelligents ont déjà débuté et bénéficient d’un investissement conséquent, 50 millions d’euros rien que pour l’année 2016.
La maison individuelle mono-familiale est un style d’habitat qui comporte d’insurmontables défauts : investissement important pour obtenir de bonnes performances énergétiques,, grande consommation d’espace et transports problématiques.
Avec les nouveaux concepts d’urbanisation durable que sont les habitats groupés et les Eco-Quartiers, chacun peut investir dans un logement à un coût avantageux tout en réduisant son empreinte écologique, en participant aux décisions relatives à son habitat, en partageant un projet de vie commune et constituer une vie sociale plus humaine.
Lire notre dossier : Domotique & Iot
En savoir +
Habitat groupé :
Guide pratique habitat groupé
L’habitat groupe cooperatif – mémoire de master 1 Justine Legris
Projet d’éco-habitat groupé dans le Var
Eco-habiter les différentes solutions
Associations :
Eco-Quartier Strasbourg
Ecos Nantes
Fondation de France
Planete copropriete
Colibris – Projet Oasis
Consultez nos autres dossiers Filières :