Parmi les habitats alternatifs, la yourte a su se faire une place de choix depuis plus d’une dizaine d’années. Cette structure nomade est utilisée pour des usages très divers : chapiteau, lieu culturel, salle de yoga, école, chambre d’amis, gîtes et chambre d’hôtes… Mais la principale utilisation reste celle de l’habitat, éphémère ou non, démontée ou non…
De nombreux types de yourtes coexistent en France. Inspirées par les yourtes importées des pays d’Asie centrale qui l’ont vu émerger, de nombreuses petites entreprises françaises – environ 35 – fabriquent des yourtes qui peuvent être très différentes. Elles peuvent être assez semblables aux yourtes traditionnelles ou contemporaines, c’est à dire adaptées à des envies de confort plus proches de nos habitats occidentaux.
Genèse des yourtes
Les yourtes ont plusieurs millénaires d’histoire. Le premier témoignage nous vient d’Hérodote, un historien grec du Vème siècle avant J.-C. qui mentionne les Scythes, peuples nomades ayant vécu dans les steppes eurasiennes dans des yourtes montées sur de grands chariots à 6 roues.
Un moine franciscain, Guillaume de Rubrouck, est envoyé par Saint Louis pour prendre contact avec les mongols après les invasions européennes de Genghis Khan et de son fils au XIIIème siècle. Il décrit de grandes cités mouvantes qui sont probablement de grandes caravanes de nomades mongols comprenant des yourtes montées sur des chariots.
Ces habitats mobiles permettent aux peuplades d’Asie centrale de s’adapter aux contraintes climatiques de ces immenses territoires. L’Asie centrale est une région très vaste, qui s’étend de la Mongolie à l’Afghanistan en passant par le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan… Ces territoires sont constitués en grande partie de montagnes et de steppes très éloignées des océans, avec des climats très continentaux, et donc une pluviométrie assez faible. Les peuplades habitant ces territoires sont des paysans avec des troupeaux d’animaux variés qui ont besoin de pâturages. La pluviométrie étant faible, certaines de ces peuplades sont nomades par nécessité pour chercher de nouvelles pâtures pour leurs troupeaux. La yourte est donc un habitat qui leur permet d’habiter auprès de leurs troupeaux et de déménager rapidement pour changer d’endroit. C’est un mode de vie ancestral en accord avec les contraintes de ces vastes steppes.
Les yourtes arrivent en Europe en force dans les années 1990, avec des personnes comme Hal Wynn-Jones, fabricant en Grande Bretagne. Il formera plusieurs artisans anglais et plus largement européens. Le nombre de fabricants de yourtes en France augmente dans les années 2000, comme le nombre d’importateurs de yourtes mongoles, kirghizes ou contemporaines des Etats-Unis.
Des yourtes avec permis de construire
Certaines yourtes obtiennent même le permis de construire, démarche de plus en plus fréquente depuis plus de 10 ans.
Le contexte réglementaire autour de la yourte n’est pas si simple. A partir du moment où une yourte est pourvue de cuisine ou de salle d’eau, le code de l’urbanisme impose un permis de construire. D’autres cas de figures permettent d’installer des yourtes de taille modeste et non équipées de cuisine ou salle d’eau. Une yourte simple, de taille modeste et sans équipement, est assimilée par la jurisprudence à une tente. La loi Alur a ouvert de nouvelles possibilités pour les habitats réversibles dont la yourte mais celles-ci demandent une modification du plan d’occupation des sols. Cette démarche étant très lourde et longue à mener, ces possibilités sont pour l’instant très peu mises en pratique.
L’obtention d’un permis de construire pour cet habitat ne va pas de soi. Avant la RT2012, il était compliqué d’obtenir un permis pour une yourte, un peu moins d’un projet sur deux était refusé. La RT2012 a amené des contraintes techniques supplémentaires très importantes et les yourtes ont dû évoluer pour y répondre. Ces réalisations conformes à la RT2012 sont plus difficiles à fabriquer, nécessitent plus de matériaux et le budget est bien plus important. Les contraintes de la réglementation, dont l’étude thermique désormais nécessaire, ont permis de démontrer que les yourtes n’étaient pas des habitats insalubres et qu’elles pouvaient être un habitat sain et économe en énergie. Cette situation évolue beaucoup ces dernières années et les permis refusés se font maintenant bien plus rares. Pour autant, il faut toujours que les porteurs de projet de yourte fassent preuve de persuasion, de volonté et d’endurance.
Certaines zones sont cependant à éviter : les périmètres protégés autour des monuments historiques, les zones naturelles préservées, certaines zones non protégées mais présentant une unité architecturale évidente. Le maire reste toujours un interlocuteur privilégié et il est difficile d’obtenir un permis s’il ne le souhaite pas mais les oppositions a priori sont beaucoup moins fréquentes aujourd’hui.
L’assurance d’un tel habitat ne va pas toujours de soin. Plusieurs compagnies d’assurance assuraient les yourtes en tant qu’habitat principal mais il semble ces dernières années que le choix se restreignent. La MAIF a créé récemment un contrat spécial yourte qui couvre bien les besoins mais il semble que ce soit aujourd’hui la seule compagnie qui le propose.
Notre yourte du Champ des Colibris à Najac
Nous habitons en yourte à Najac, ma compagne et moi-même avec nos deux enfants. Nous avons obtenu le permis de construire notre yourte en 2014. Nous l’avons fabriquée en atelier pendant environ 5 mois à deux et montée lors de deux chantiers participatifs d’une semaine avec une dizaine de personnes en 2015 (c’est notre métier…). Elle est donc nécessairement conforme à la très exigeante réglementation thermique RT2012 et même déjà conforme, sur certains points, à la prochaine RT2020.
C’est un projet que nous avons mûrement réfléchi pendant presque 10 ans, le temps pour nous de mettre en œuvre ce projet, de trouver un terrain, les moyens mais aussi le temps et l’énergie nécessaires pour concrétiser notre rêve.
La taille choisie finalement, 72 m² au sol plus une mezzanine de 30 m² environ, est assez éloignée de nos premiers projets de 120 m² au sol, 170 m² de plancher en tout avec la mezzanine. Elle est très confortable ainsi, et nous y sommes très bien.
La taille d’un habitat me paraît être l’un des premiers critères pour estimer si un projet est écologique. Peut-on vraiment qualifier d’écologique une maison de 300 m² pour 2 personnes ?
Yourte et RT2012
La réglementation thermique RT2012 s’impose à tous les permis de construire. Elle nécessite une étude thermique théorique mais complète qui doit démontrer que l’habitat va consommer moins de 50 kWh/m² et par an pour ses besoins de chauffage, refroidissement, chauffage de l’eau et aération. Cette consommation maximale est modulée en fonction de la zone climatique et de l’altitude. Des obligations sont aussi imposées pour une surface minimale de vitrage, une très forte étanchéité à l’air, un recours obligatoire mais modeste aux énergies renouvelables et un confort d’été avec un température à ne pas dépasser en période de canicule.
Il faut cependant savoir que les habitats de petite taille sont handicapés par la réglementation thermique obligatoire pour tout permis de construire. Toutes les consommations étant ramenées au m², l’impact du chauffage de l’eau par exemple sera bien plus important sur un petit habitat que sur un grand. Un chauffe-eau électrique consomme entre 800 et 2.000 kWh par an environ, ramené au m² cela « pèse » entre 20 et 50 % du maximum autorisé par la RT2012 pour notre yourte, et entre 8 et 20 % pour un habitat de 200 m². La marge restante est donc bien plus réduite sur un habitat de taille modeste qui devra donc compenser par une enveloppe et/ou un chauffage plus performants. Pourtant la consommation globale réelle sur l’année sera bien moindre sur un habitat plus petit qui sera donc au final plus performant et beaucoup moins énergivore que dans le cas contraire.
La yourte a une forme qui est particulièrement efficace d’un point de vue thermique. La surface d’enveloppe de la yourte, donc la surface d’échange de calories avec l’extérieur, est assez réduite par rapport à sa surface utile. La yourte est ainsi très compacte, beaucoup plus qu’une maison cubique.
La structure de la yourte est entièrement en bois et recouverte de différentes membranes : toile intérieure, membrane d’étanchéité à l’air, isolant, toile extérieure. La membrane d’étanchéité à l’air est ainsi très facile à poser et ce point important de la réglementation thermique est relativement aisé à respecter. De même, les ponts thermiques sont très faciles à éviter sur une yourte, l’isolant étant placé à l’extérieur de l’ossature en bois.
La yourte a donc de très bons atouts pour devenir, grâce à une forte isolation, un habitat thermiquement très efficace. Les yourtes RT2012 nécessitent beaucoup plus de matériaux qu’une yourte classique et une technicité plus importante mais cela reste possible.
Une yourte bioclimatique
La conception de notre yourte prend en compte les principes du bioclimatisme.
Son enveloppe est très isolée : 24 cm de laines de moutons sur les murs et le toit, 28 cm de ouate de cellulose dans le plancher qui a été renforcé pour supporter un poêle de masse.
Une large moitié sud est consacrée à un espace de jour très éclairé par la lumière naturelle, cuisine, salle à manger et espace détente autour du poêle. Sur une petite moitié nord, la mezzanine nous a permis d’aménager trois chambres et une salle d’eau, espaces cloisonnés et fermés plus intimes. Au-dessus, un espace ouvert, très agréable et lumineux, organisé en bureau, bibliothèque et chambre d’amis.
Nous avons laissé ouvert un espace central assez large situé sous le dôme central afin de profiter de cet espace, de la vue sur le ciel et les étoiles.
Les surfaces vitrées sont toutes orientées au sud, elles sont distribuées sur un peu moins d’un quart du périmètre, centrées plein sud. Cette distribution permet de suivre toute la course du soleil en hiver, du lever au coucher, et de bénéficier ainsi à fond de la chaleur et de disposer de lumière gratuitement. C’est notre principal source de chauffage. Un dôme central zénithal permet de compléter l’éclairage naturel grâce à un puits de lumière de 1,5 m² et son ouverture nous permet de gérer l’aération mais aussi l’extraction des fumées de la cuisine de manière simple, naturelle et efficace.
Nous avons donc choisi de ne pas mettre de fenêtres dans les chambres ou la salle d’eau. Plusieurs choses nous ont poussé à faire ce choix :
- Une surface vitrée est thermiquement énormément moins efficace qu’un mur bien isolé. Même un triple vitrage est 4 fois moins performant que nos 24 cm de laines de moutons. Nos chambres étant au nord, elles ne verraient jamais le soleil et cette faible performance relative ne serait jamais compensée par des apports solaires directs, contrairement à nos baies sud.
- L’isolant choisi est un excellent régulateur naturel de l’hygrométrie. La laine de moutons a la capacité d’absorber 30 % de son poids en vapeur d’eau avant de condenser. Cela permet de stabiliser l’hygrométrie à un taux toujours sain, entre 40 et 50 %. Pas de développement de moisissures, de bactéries, de champignons, donc de mauvaises odeurs. Une ambiance saine sans artifice ni technologie.
- Dans la salle d’eau, la régulation de la vapeur d’eau est exemplaire : aucune formation de buée sur le miroir même si plusieurs personnes se succèdent sous la douche.
- Les chambres sont un espace de nuit essentiellement et une fenêtre amenant un éclairage naturel faible, sans jamais voir le soleil car au nord, ne nous a pas paru nécessaire.
L’aération des chambres ne passe donc pas par l’ouverture de la fenêtre mais l’ambiance est toujours saine et notre enveloppe thermiquement beaucoup plus performante sans fenêtres. Cela nous permet au quotidien d’avoir moins besoin de chauffage et donc de nous contenter plus souvent des seuls apports de chaleur du soleil.
Les matériaux de la yourte
Matériaux constituant la yourte du Champ des Colibris
Matériaux | Poids | ||
Bois local | Matériau renouvelable biosourcé, régional | Douglas et châtaignier issu des forêts du département ou des départements limitrophes | 7 799 kg |
OSB | Matériau renouvelable biosourcé, origine France | 19230 kg | |
Ouate de cellulose | Matériau biosourcé issu du recyclage, origine France | 900 kg | |
Laines de moutons | Matériau renouvelable biosourcé, région limitrophe | Filière courte, laines des moutons du Parc des Volcans d’Auvergne | 778 kg |
Vitrages | 186 kg | ||
Toile | Matériau issu de la pétrochimie, label Oëko Tex garantissant son innocuité, origine France | Fabriquée à Lille | 135 kg |
Quincaillerie | 52 kg | ||
Dôme | Fabrication régionale | 19 kg | |
Total | 11 791 kg |
- Matériaux fabriqués en France 99,4%
- Matériaux biosourcés 96,7%
- Matériaux régionaux ou région limitrophe 92,7%
Nous avons apporté un soin particulier à la sélection de nos matériaux en privilégiant les matériaux de qualité, durables, biosourcés, d’origine la plus locale possible.
Le bois représente les deux tiers des matériaux utilisés. Les essences ont été choisies parmi celles disponibles localement dans les forêts à quelques dizaines de kilomètres de notre atelier et disponibles dans les scieries locales : douglas pour l’essentiel et châtaignier pour les ouvrants.
L’isolant est issu d’une filière courte Terre de Laines dans le Parc des Volcans d’Auvergne. La toile est fabriquée en France, elle a une durée de vie de 10 à 12 ans. Issue de la pétrochimie, elle est actuellement le meilleur compromis que l’on puisse trouver. Elle bénéficie du label Oëko Tex qui garantit l’absence de nocivité de la toile. Les toiles coton ou polyester-coton ont une durée de vie de 3 à 4 fois plus faible et amènent dans la yourte des produits toxiques utilisés dans le traitement de la toile.
Un poêle de masse rocket stove batch box autoconstruit
Côté chauffage, nous avons utilisé deux équipements différents. Dans un premier temps, nous avons utilisé un poêle à granulés qui nous a permis de finir de valider toutes les étapes de la réglementation thermique. Une fois ces étapes validées, nous avons installé un poêle de masse de type rocket stove, version batch box, qui nous permet de nous chauffer avec des chutes de bois issues de notre atelier de fabrication de yourtes.
Ce type de poêle est très performant avec un rendement mesuré autour de 90 %, phénoménal pour un poêle à bois bûches. La majeure partie des poêles à bois sont bridés la nuit, avec un tirage réduit, pour tenir jusqu’au matin avec un rendement très fortement dégradé pendant la majeure partie de l’utilisation. Avec un poêle de masse, nous recherchons une très forte montée en température pour stocker les calories. Le tirage est donc toujours à fonds mais les flambées sont courtes. 1/2 h à 3/4 h de combustion, la masse monte en température pendant 2 heures et restitue les calories pendant 10h. Nous n’avons dépassé une heure de chauffe qu’au cours de très rares occasions, les besoins de notre yourte ne le nécessitant presque jamais.
Cet hiver 2018/2019, nous avons chauffé 48 fois entre le 28/10 et le 6/04, soit une moyenne de 1 chauffe tous les 3,3 jours. Une chauffe, c’est en moyenne 6,6 kg de bois. Les pires journées du point de vue du chauffage ont été des journées froides, sans soleil avec une couverture nuageuse dense et épaisse, et du vent. A 5 occasions, deux chauffes ont été nécessaires, une le matin et une le soir. Nous avons consommé 315 kg de bois, uniquement du bois de recyclage de notre activité. Cela donne une consommation de 1206 équivalent kWh (source ATEE), soit environ 14,2 kWh/m² et par an (Surface RT de 85 m2). Une maison passive doit consommer moins de 15 kWh/m² et par an pour obtenir le label.
Toutes ces données techniques et ces performances un peu abstraites ont des résultats bien concrets qui au quotidien sont extrêmement appréciables :
- Une corvée de chauffe qui n’est plus une corvée ! 315 kilos de bois, c’est environ 20 fois moins que notre précédent logement par exemple, plus petit mais mal isolé. Ce que nous devions acheter, couper, rentrer, allumer pour un jour nous tient aujourd’hui au moins une semaine.
- La plupart des journées d’hiver, nous rentrons le soir sans avoir allumé le chauffage depuis plusieurs jours et arrivons dans notre yourte chauffée par le soleil à 20°. Un bonheur !
- A partir du 10/02, nous n’avons allumé notre poêle que trois fois.
- Budget chauffage pour notre hiver 2018/2019 = 0 €. Notre bois étant issu du recyclage de notre activité, aucune dépense n’est nécessaire. S’il nous avait fallu l’acheter, pour environ 1/2 stère ici, le coût aurait été de 25 à 30 €.
Il n’y a pas que des avantages : le plaisir de voir une flambée se fait plus rare et le poêle de masse, initialement prévu pour compléter notre chauffe-eau solaire ne pourra remplir cet office puisqu’il est trop rarement allumé. Mais nous acceptons avec plaisir ces petites contraintes, être chauffé par le soleil étant un vrai plaisir…
La gestion de l’eau dans la Yourte
Notre eau provient d’un captage privé.
Nous avons fait le choix de toilettes sèches à litière compostée. A nous 4, il nous faut changer de seau tous les 2 à 3 jours. Nous allons prochainement installer une séparation d’urines qui devrait nous permettre d’augmenter ce délai à une semaine. Le compostage des toilettes se fait dans une aire prévue à cet effet, réalisée avec des palettes et de la récupération.
Nous avons un assainissement phytoplanté réalisé avec 3 bacs de 1.100 l. Cet assainissement est prévu pour être étendu. Nous allons créer un petit terrain de camping de 11 emplacements et le local des sanitaires – sans les wc – sera alors branché sur cet assainissement où nous rajouterons 3 bacs supplémentaires. Cet ensemble a été réalisé grâce à l’expertise de l’association Graine d’Eau dans le Lot qui accompagne les auto-constructeurs.
La gestion de l’énergie de la Yourte
Nous avons conçu notre yourte pour qu’elle soit le plus possible économe en énergie :
- l’éclairage naturel est privilégié. Dès que le soleil est levé, la yourte est suffisamment éclairée. Dans notre petit hameau nous sommes les premiers à éteindre le matin et les derniers à allumer le soir.
- l’éclairage artificiel est réalisé à base de leds, très économes.
- notre électro-ménager est économe, essentiellement A+++. Notre machine à laver sera branchée directement sur l’eau chaude solaire dans quelques mois.
- le besoin en chauffage est extrêmement réduit comme nous l’avons déjà vu.
- l’aération est naturelle et simple à gérer, entre des ouvrants en bas, notamment des oscillo-battants, et l’ouverture du dôme zénithal et central en haut.
- pas de climatisation, l’isolation, des toiles d’ombrage sur la terrasse en été et l’évacuation des excès de chaleur par le dôme nous permettent de maintenir une température correcte. Une fois le soleil couché, une aération en grand permet à la température de redescendre facilement.
- l’installation électrique est blindée par un blindage de phase, afin de limiter au plus possible les champs électriques et leur propagation. Des prises éthernet ont été distribuées dans chaque espace de l’habitat afin de limiter le recours à la wifi.
Le traitement de l’isolation phonique de la Yourte
L’isolation phonique de la yourte est moyenne. Sur une yourte RT2012 comme la nôtre, l’épaisseur d’isolant sur les murs (24 cm) jouant quand même son rôle mais les sons sont étouffés et non coupés.
Les bruits venant de l’extérieur sont donc présents mais atténués.
Les bruits naturels ne sont pas problématiques à mon sens. Avec un peu d’habitude, la plupart des personnes perçoivent ces bruits comme apaisant. Même une forte pluie donne un bruit de fonds très adouci par la douceur des matériaux. À l’exception notable des tempêtes pendant lesquelles il est difficile de dormir. Cependant, à ce jour nous avons vécu des vents jusqu’à 110 km/h dans notre yourte sans que cela nous empêche de dormir. Le vent, la pluie, les chants d’oiseaux, perçus à travers les murs nous restituent sans cesse dans notre environnement. Cette perception peut être différente d’une personne à l’autre, beaucoup la trouvent rapidement agréable.
Les bruits artificiels (circulation, avions, moteurs divers) sont bien moins agréables. Cet aspect fait de la yourte un habitat plutôt rural qu’urbain, la campagne étant généralement bien moins sujet à nuisances sonores. C’est cependant un aspect important à prendre en compte dans le choix de l’emplacement. Certaines yourtes ont été posées en ville mais dans des quartiers très calmes.
Les espaces sous la mezzanine sont séparés par de vraies cloisons de bois mais celles-ci ne vont pas tout à fait jusqu’au mur de la yourte qui doit pouvoir bouger un peu en cas de grand vent. Il y a donc un interstice qui laisse passer le son d’un espace à l’autre. Ce défaut peut être partiellement corrigé avec un boudin de tissu rempli de chutes d’isolant. L’intimité dans la yourte n’est pas aussi complète que dans certaines maisons. L’aménagement peut aussi aider à cet aspect : nous avons placé la salle d’eau entre la chambre des parents et celles des enfants par exemple.
Travaux à venir
Notre projet n’est pas encore complètement terminé. Nous prenons le temps de le mettre en œuvre et de le financer à notre rythme.
Une annexe à la yourte a été commencée fin 2018. Elle recevra dans l’année qui vient une installation solaire photovoltaïque qui nous permettra de compenser sur l’année les consommations de la yourte et du futur camping ainsi qu’un chauffe-eau solaire qui devrait couvrir les 2/3 de nos besoins en eau chaude.
Le budget de la construction de la Yourte
Yourte | 44.977 € | En autoconstruction en 2015. Ajouter environ 20.000 € pour une réalisation sans autoconstruction. |
Assainissement phytoplanté | 1.900 € | Autoconstruit avec un accompagnement théorique |
Poêle de masse rocket batch bax | 1.380 € + 1.090 € pour la fumisterie | Autoconstruit lors d’un chantier participatif accompagné par des formateurs de l’écolieu de Galinette |
Electricité blindée | 4.560 € | Autoconstruit |
Kit chauffe-eau solaire en thermosiphon | 2.516 € | Autoconstruit |
Aménagements divers : plomberie, cuisine, douche, toilettes sèches, etc… | 2.000 € | Autoconstruit |
Extension technique | 9.670 € | Autoconstruit |
Installation photovoltaïque de 4 kWc | 5.500 € | En autoconstruction accompagnée (à venir) |
Total (hors terrain) | 73.593 € |
En conclusion
La yourte, contemporaine ou non, reste un habitat atypique. Sa forme, sa souplesse, ses matériaux, plaisent … ou non ! C’est un habitat fait pour une vie mais pas nécessairement pour transmettre à nos enfants.
Le budget peut paraître énorme aux personnes qui comparent avec une yourte traditionnelle ou bien faible en comparaison à une maison passive traditionnelle. Les yourtes contemporaines RT2012 sont en fait à mi-chemin entre ces deux extrêmes : filles improbables des yourtes des steppes mongoles aussi performantes ou presque qu’une maison passive avec une économie remarquable de matériaux.
Avec ma compagne, nous comptions récemment que nous cumulons à nous deux plus de 25 logements différents. La yourte est de très loin le plus agréable à vivre et le plus économe. Ce ressenti nous est personnel bien sûr et chacun appréciera ou pas en fonction de ses goûts et de ses envies.
Aller plus loin
- Une analyse de cycle de vie a été réalisée sur notre yourte par Loïc Cherigie alors stagiaire en Licence professionnelle spécialité bâtiments performants et énergie.
- Le récapitulatif standardisé (pdf) d’étude thermique RT2012 pour notre yourte
- Le formulaire d’attestation de la prise en compte (pdf) de la réglementation thermique validation finale de la démarche liée à la RT2012
- Résidences légères (pdf), travail d’étude en cours de formation d’architecture réalisé par Véranie Jeune sur 4 habitats atypiques dont la yourte du Champ des Colibris à Najac
- Construire en rond : yourtes, dômes, zomes et kerterre paru aux Editions Eyrolles de Evelyne Adam, Jean Soum et Olivier Dauch
Merci pour cet article complet et passionnant. Documenté et réaliste. Vraiment merci .
Merci à vous pour ce retour. Bonne journée, Olivier Dauch
Très jolie yourte, nous en avons 23 traditionnelles, nos clients adorent y dormir.