Il aura fallu deux ans et 1 580 tonnes de terre juste pour créer les murs en pisé de 20 cm d’épaisseur de cette maison de 500 m2, conçue par Lake Flato Architects pour Ashlyn et Dan Perry à l’extérieur de Marfa, au Texas (Usa).
[De l’architecte] Pris en sandwich entre le désert inhospitalier de Chihuahuan et les majestueuses montagnes Davis, la petite communauté d’élevage et d’art de Marfa est située au cœur des vastes et vierges prairies désertiques de l’extrême ouest du Texas. Et, juste au-delà de la périphérie de la ville, sur un grand ranch expansif, se trouve le Marfa Ranch, un lieu d’une beauté simple et d’un isolement presque parfait.
Les concepteurs affirment que le choix de la méthode de construction en pisé (terre battue) s’explique en partie par ses propriétés thermodynamiques. En raison des variations diurnes des températures, des nuits froides et journées chaudes, la masse des murs permet de modérer les températures.
Ils trouvent qu’il y a quelque chose dans la terre battue qui lui donne d’une manière unique, une texture adaptée au désert de Chihuahua. C’est le sol, le terrain qui constitue cette magnifique plaine vallonnée qu’est le paysage de Marfa.
Au total, huit structures ont été construites selon cette méthode et, pour la plupart, chacune a sa propre pièce. Il s’agit d’une salle mécanique, d’un bureau, d’une salle de sport, d’une suite pour les invités, d’une aile pour les invités, d’un studio d’art, d’une pèce à vitre avec cuisine, salon et salle à manger, et d’une chambre principale.
Les structures sont disposées autour d’une cour, reliées par un porche couvert au-dessus, et des brise-vent en dessous, lesquels sont également utilisés pour accéder à chaque pièce, car elles ne sont pas reliées entre elles. L’emplacement de ces structures et de chaque fenêtre a été conçu pour profiter des vues dégagées sur le paysage désertique environnant et les chaînes de montagnes voisines, tout en se protégeant du climat souvent rude qui caractérise la région.
Les tuyaux en acier brut placés verticalement autour du périmètre sont les mêmes que ceux utilisés pour fabriquer les enclos et les clôtures pour le bétail. Ils ont été spécifiquement choisis comme un clin d’œil à l’héritage des ranchs de cette région. Des escaliers, situés à droite de l’entrée principale de la chambre à coucher, mènent à un toit-terrasse offrant une vue imprenable sur le désert et les montagnes environnantes.
Le « projet de rêve », selon les mots d’Ashlyn, a été achevé l’année dernière. Avec son profil bas et l’utilisation de matériaux naturels provenant de la terre, il reste fidèle à l’intention de l’architecte de « créer une maison qui a été insérée dans le paysage intact du désert sans être perturbée. Elle donne presque l’impression d’être une partie naturelle du désert lui-même ».
Le salon est l’un des rares endroits de la maison à être doté de fenêtres vitrées du sol au plafond. Les architectes souhaitaient que cet espace s’ouvre sur l’horizon à l’est et au sud, avec des vues sur Cathedral Peak et les Haystacks, qui sont remarquables dans le paysage.
Les nombreux espaces extérieurs comprennent les salles à manger et les salons, avec des cheminées et, dans le cas du salon, une télévision extérieure. Un mur en lattes surélevé crée un « jeu de lumière » qui imite l’ombre d’un arbre et laisse filtrer la bonne quantité de lumière. Une cheminée à gaz monolithique sépare le coin bibliothèque de l’espace de divertissement dans la salle du bar du couple tandis que du sapin de Douglas recouvre le plafond.
Des étagères en acier ont été encastrées dans les murs en terre battue. L’architecte explique que lorsque les ouvriers ont construit ce bâtiment, ils ont dû ériger les coffrages en terre battue. Ensuite, ils ont fixé cette longue boîte en acier linéaire à l’intérieur du coffrage et tassé la terre autour d’elle au fur et à mesure. C’est une opération délicate qui exige un très haut niveau de savoir-faire et le résultat est magnifique.
« Je trouve que je dors très bien ici, et je me demande souvent si c’est l’épaisseur des murs, l’ancrage de la terre, ou simplement l’immensité du paysage », note Ashlyn. « Cela fait quelque chose. Vous pouvez vraiment détendre votre esprit. »
La baignoire sculpturale en forme de rocher, qui semble avoir été découverte dans les environs de Marfa, a dû être introduite dans la salle de bains principale par la fenêtre.
Une ancienne citerne d’eau, d’un diamètre de 6,7 mètres, était la seule structure sur le site lorsque les Perry l’ont acheté. Aujourd’hui rénovée et transformée en piscine, elle est équipée d’un siège intégré qui fait toute la circonférence, de sorte que quiconque se baigne a un endroit pour se détendre et profiter de la vue magnifique, surtout la nuit quand il y a des milliards d’étoiles.
Crédit Photos : © Casey Dunn
Notre avis : utiliser la terre crue comme matériaux de structure dans une zone désertique, quand les températures oscillent entre le négatif et la canicule, paraît assez pertinent. La maison s’intègre ainsi parfaitement dans le paysage pour un impact à sa construction relativement limité. On s’interroge toutefois sur la gestion des réseaux (électricité, assainissement) dans cette zone isolée, sur l’agencement qui optimise assez peu l’espace, qui d’ailleurs semble disproportionné par rapport à l’usage de l’habitat. Dommage car l’ensemble est joliment réussi.
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