Cette maison de conteneurs industriels située en Équateur a été conçue en 2015 par Daniel Moreno Flores.
[De l’architecte] Quand le propriétaire était petit, il voulait déchiffrer les mécanismes des vieilles horloges. Sa passion pour la mécanique l’a conduit vers les motos et les voitures. Il s’intéressait à une maison très didactique, utilitaire et démontable (à la manière de la mécanique de ces véhicules). Les solutions constructives devaient être visibles, quelle que soit leur fabrication.
Lorsque nous avons compris ce lien direct avec le métal, l’idée et le désir de vivre dans une maison en container est apparu. L’une des principales raisons d’expérimenter ce matériau était l’économie d’énergie. Ces objets deviennent des déchets après leur cycle de vie (il y en a tellement dans le monde que cela devient un problème). En changeant leur fonction et en les rendant habitables, non seulement nous leur donnons un nouvel usage, mais nous construisons aussi de manière propre. Du point de vue du design, nous avons travaillé à la simplification en n’utilisant que les pièces nécessaires.
Sept conteneurs de 20 pieds et un conteneur de 40 pieds sont arrivés, plus tard, à La Morita (Tumbaco) de Guayaquil. Ces unités devaient permettre d’assembler un logement unique, situé dans un grand espace vert, assez plat et déconnecté du bruit mondain de la ville.
Le début du projet
Les conteneurs étant imparfaits, ils conservent toutes leurs cicatrices en héritage de leur registre des bosses et de leur historique d’utilisation. Ces objets ont été conçus comme les espaces complémentaires de la maison : pièces de rangement, salles de bains, placards et cuisine. Ils sont essentiellement utilisés à l’état naturel. C’est à ce moment-là que nous avons envisagé de ne pas changer leur structure d’origine et dans ce cas, de trouver la justification responsable pour intervenir. Ce faisant, les modifications étaient stratégiques et liées à l’éclairage, à la circulation de l’air et à la connexion entre les espaces extérieurs et intérieurs.
Dans le but de montrer l’essence du matériau, la peinture d’usine a été enlevée à l’extérieur tandis qu’une nature neutre et sanitaire guidée par la couleur blanche a été conservée à l’intérieur. Les travaux au sol se feraient plus tard en conservant le bois d’origine.
Le processus des travaux
Quatre phases de construction ont été planifiées :
La première concernait la fonte des plateformes et certains espaces rectangulaires en béton poli, stratégiquement disposés. En raison d’une légère variation dans les niveaux de la coupe longitudinale du terrain, les plateformes s’éloignent le moins possible de la crête la plus haute, se transformant en une petite île floue en vue.
La deuxième phase a été l’assemblage, l’alignement et l’amarrage des conteneurs aux plateformes en béton avec une grue mécanique. Dans tous ces cas, les conteneurs sont appuyés sur le béton, volant légèrement vers l’extérieur, offrant un sentiment d’équilibre et de contrôle du poids. Ces pièces sont séparées les unes des autres dans le but de créer et de délimiter des espaces habitables et de constituer en même temps la colonne vertébrale de la maison sur laquelle les toits ont été installés.
La troisième phase concerne le positionnement et le brasage du système de poutres métalliques. Ces poutres se croisent d’un conteneur à l’autre et aident à renforcer les dalles de béton.
Enfin, la quatrième phase a consisté à abaisser un système de câbles et de poutres du toit donnant ainsi forme aux chambres à coucher où le bois a été le matériau principal.
La maison garde un lien très fort avec l’extérieur (espace vert et montagne) et tous les espaces entre les conteneurs sont une sorte d’harmonie où les seuls éléments visibles sont les cadres métalliques avec le verre.
Trois systèmes mécaniques ont été conçus pour transformer l’utilisation des espaces, un ascenseur manuel pour monter jusqu’au deuxième étage, des volets mobiles placés dans les chambres à coucher et un plancher flexible dans la salle de bains principale qui se plie et se déplie pour faire découvrir la baignoire. Toutes ces solutions sont comme un jeu qui permet au propriétaire de faire partie d’un style d’architecture pensé spécifiquement pour lui.
Crédit Photos : Federico Cairoli
Notre avis : si l’ingéniosité de l’architecte est remarquable dans ce projet, le choix des matériaux et solutions techniques sont loin des aspirations de Build Green : béton, poutres métalliques, système d’ascenseur. La pertinence écologique reste encore un concept marginal dans l’architecture.