L’une des leçons que l’on n’a peu ou pas tirées du tremblement de terre d’il y a quatre ans au Népal est la possibilité de réutiliser et de recycler les briques, le métal et le bois pour la reconstruction au lieu d’acheter des matériaux importés plus coûteux. En réponse, voici une mise en valeur d’une architecture post-séisme du Népal à Godavari avec une maison modèle conçue par Sustainable Mountain Architecture (SMA).
Traditionnellement, les Népalais ont eu à réutiliser les matériaux de construction des maisons, les récupérant et les recyclant après chaque tremblement de terre par le passé. Près de 700 000 maisons ont été détruites lors des tremblements de terre de 2015, laissant une énorme quantité de pierres, de briques, de mortier de boue utile, de bois et de tuiles.
Immédiatement après le tremblement de terre du 25 avril 2015, les survivants ont rapidement construit des abris temporaires en bambou, bâches, planches, tôles ondulées et tout autre matériau disponible. Les organismes de secours ont fourni des tôles d’acier ondulées, dont certaines avaient à peine 0,2 mm d’épaisseur et pouvaient être pliées en demi-cercles pour fabriquer des abris.
Conséquence, la température dans les basses vallées pouvant atteindre 36°C, l’espace sous le métal devient immédiatement un four. Les écoles provisoires pouvaient également surchauffer et des cas de déshydratation et d’évanouissement ont été signalés chez des enfants. Une fois la mousson arrivée, le bruit de la pluie sur les toits de tôle rendait l’enseignement impossible. Cette tempête qui s’accompagne de forts vents a déchiré les tôles d’acier, les transformant en guillotines volantes.
Les familles pauvres n’avaient d’autre choix que de rester dans leurs maisons de fortune provisoires, transformant une grande partie du centre du Népal en bidonvilles. Ce n’était pas des maisons.
L’équipe de Sustainable Mountain Architecture (SMA) a mis au point un concept alternatif pour les maisons de transition, faites de matériaux récupérés et de bambou ou de chaume cultivés localement. La base de la maison de plain-pied est un épais et lourd mur de pierres tandis que la structure principale réutilise les colonnes de bois, les poutres et les chevrons de la maison familiale qui s’est écroulée.
La partie supérieure des murs et le toit sont en matériau plus léger, les tirants horizontaux en bois ont de nouveaux fils métalliques qui servent de contreventements transversaux pour les rendre plus résistants. Les planches ou bambous récupérés et la participation obligatoire des membres de la famille au processus de construction ont permis de réduire les coûts à seulement 322 €.
Cependant, les secours avaient conduit l’enlèvement des matériaux des maisons en ruines après la catastrophe, d’excellentes matières premières qui auraient pu être utilisées pour la construction ont été emportées. Une fois que le gouvernement s’est ressaisi, il a dicté l’usage du béton.
Des tas de matériaux de construction locaux ont été gaspillés, tandis que le bois récupéré commençait à pourrir sous la pluie. Les familles qui en avaient les moyens ont commencé à construire des maisons en béton armé. L’industrie du ciment et des barres d’armature a connu une période de prospérité.
Les murs de remplissage en briques ont été réalisés avec du béton, ce qui a permis aux briqueteries polluantes de faire des affaires avec les fours à briques qui cuisent la terre fertile de Katmandou. Tous ces nouveaux matériaux de construction ont dû être transportés par des camions crachant de la suie noire.
Une conception plus pertinente de l’équipe SMA a permis de réutilisé les matériaux récupérés d’un bâtiment effondré pour construire la maison modèle d’un étage située à Knowledge Park, un parc de l’ICIMOD (International Centre for Integrated Mountain Development) à Godavari, afin de démontrer la résistance aux tremblements de terre des zones rurales au Népal.
Grâce à cette innovation et au design approprié, l’organisme à but non lucratif Sustainable Mountain Architecture a construit cette maison modèle qui réutilise des matériaux et un style local pour construire des maisons durables et écologiques. Cette maison modèle est facilement reproductible, fait appel à la main-d’œuvre et à la technologie locales et récupère les matériaux.
Les fenêtres et les portes de cette maison sont orientées vers le sud. Le mur sud-est plus haut, ce qui signifie que la maison reçoit beaucoup de soleil en hiver. L’énergie solaire passive qui entre dans la maison est emprisonnée dans les murs et le double vitrage des fenêtres empêche la chaleur de s’échapper.
Crédit Photos : © nepalitimes
Notre avis : après des drames tels que des tremblements de terre, des inondations ou même des guerres, on n’a malheureusement souvent trop tendance à se voir développer des systèmes constructifs simples et peu onéreux à base de béton ou brique de terre cuite. Or ces solutions sont extrêmement polluantes, épuisent nos faibles ressources et peu efficaces énergétiquement ! Travailler à partir de matériaux locaux et recyclés devrait donc être le mode constructif privilégié, comme pour cet admirable exemple au Népal. Construire en earthbag est une autre des solutions à retenir dans ces cas.