L’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI), dont l’ADEME est partenaire, a présenté le 23 mars 2017 les résultats d’une étude dédiée aux bâtiments performants en énergie. Livrant des premiers indicateurs sur les niveaux de qualité d’air et de confort des ouvrages performants, neufs ou nouvellement réhabilités, cette étude permet d’identifier des pistes d’amélioration.
Quels sont les ressentis des occupants des bâtiments performants en énergie ? Observe-t-on des niveaux de pollution ou des usages différents par rapport à l’ensemble du parc de logements français ? Quelles pistes d’amélioration peut-on et doit-on envisager le cas échéant ?
Périmètre et données étudiées
La base de données collectées inclut à ce jour près de 100 bâtiments performants, en majorité démonstrateurs du PREBAT – Programme de Recherche et d’Expérimentation sur l’Énergie dans le Bâtiment : logements, bâtiments d’enseignement ou de bureaux.
Elle rassemble des informations collectées par des opérateurs locaux, selon un protocole harmonisé d’enquête, autour de la qualité de l’air intérieur, des caractéristiques des bâtiments et de la perception des occupants.
Le dispositif OQAI-BPE vise à dresser régulièrement un état de la qualité de l’air et du confort des bâtiments performants en énergie et au-delà, identifier les éventuelles pistes d’améliorations.
Un premier éclairage utile pour les concepteurs, gestionnaires, architectes et bureaux d’étude
Les premiers résultats partagés par l’OQAI lors de l’atelier du 23 mars 2017 portent sur 72 logements répartis dans 43 bâtiments. S’ils ne sont à ce stade pas généralisables à l’ensemble des bâtiments performants en énergie, ils permettent en revanche d’apporter de premiers indicateurs utiles pour l’ensemble de la filière.
Ainsi par exemple :
En termes de qualité de l’air intérieur, on ne relève pas de différences par rapport à l’ensemble des logements français, à l’exception de trois polluants observés en concentrations plus élevées et d’un pourcentage plus élevé de logements présentant une contamination fongique.
80 % des occupants sont satisfaits du confort de leur logement. Seule une minorité exprime une insatisfaction vis-à-vis de la présence d’odeurs, de la température, du bruit, du confort visuel et du renouvellement d’air.
Enfin, les informations collectées mettent en évidence une nécessaire vigilance quant au fonctionnement des systèmes de ventilation. La réduction des infiltrations d’air parasites dans ces bâtiments conduit en effet à un renouvellement d’air très limité en cas d’arrêt du système de ventilation.
Perception des occupants
Parmi les occupants âgés de 15 ans et plus, interrogés vis-à-vis de leur perception du confort d’ambiance, 63 % ont répondu au questionnaire qui leur était proposé à chaque enquête.
Quelle que soit la saison, plus de 80 % des répondants sont satisfaits du confort global de leur logement, ainsi que du confort thermique, olfactif, visuel, sonore et de la qualité de l’air intérieur. Une minorité des répondants ont exprimé une insatisfaction, et plus précisément :
- environ 30 % des répondants rapportent la présence d’odeurs en majorité désagréables ;
- entre 15 et 21 % des répondants selon la saison ne sont pas satisfaits de la température dans leur logement ;
- moins de 20 % des répondants ne sont pas satisfaits de la vue depuis leurs fenêtres et sont gênés par l’éclairage public la nuit dans leur chambre, par la lumière naturelle ou par les rayonnements directs du soleil ;
- environ 15 % des répondants jugent leur logement bruyant quelle que soit la saison ou le moment de la journée ;
- environ 10 % des répondants ne sont pas satisfaits de la qualité de l’air de leur logement et jugent l’air mal renouvelé.
Qualité de l’air intérieur
Les résultats sont comparés à la campagne nationale « logements » (CNL) menée par l’OQAI entre 2003 et 2005, ainsi qu’à l’étude pilote de la CNL réalisée en 2001.
Les similitudes
Il n’y a pas de différence majeure pour la plupart des substances mesurées :
- le radon, les particules (PM2.5), 2 aldéhydes (formaldéhyde et acétaldéhyde) et 8 composés organiques volatils (1,2,4-triméthylbenzène, benzène, éthylbenzène, (m+p)-xylènes, o-xylène, n-décane, styrène, toluène)6 : concentrations équivalentes voire inférieures à celles de la CNL ;
- l’humidité relative : équivalente voire inférieure à celle de la CNL.
Les différences
- le dioxyde d’azote : concentration plus faible que dans l’étude pilote de la CNL (composé non mesuré dans la CNL) ;
- les moisissures : développement fongique actif dans 47 % des logements étudiés contre 37 % pour la CNL. Cette présence de moisissures est plus souvent cachée (1 % des logements présentent des traces de moisissures visibles par rapport à 15 % dans la CNL) ;
l’hexaldéhyde : concentration supérieure en période hors-chauffe par rapport à celle de la CNL (valeur moyenne de 30 μg/m3 versus 21 μg/m3) ; - l’α-pinène et le limonène : concentrations supérieures à celles de l’étude pilote de la CNL (composés non mesurés dans la CNL) (valeur moyenne de 23 versus 5,9 μg/m3 pour l’α-pinène et 20 versus 8,9 μg/m3 pour le limonène) ;
Les facteurs expliquant les concentrations intérieures en α-pinène, limonène et hexaldéhyde et la présence d’un développement fongique ont été recherchés.
Les 3 sources majeures d’α-pinène sont l’ossature bois, la présence de mobilier en bois dans la pièce de mesure et, pour les logements situés au dernier étage, l’isolant végétal à base de bois placé au niveau des combles. L’introduction de mobilier neuf durant la semaine de mesure et le stockage des produits d’entretien à l’intérieur du logement sont associés à l’augmentation des concentrations en limonène. L’ossature bois et la présence de revêtements de sol à base de bois brut ou reconstitué sont les 2 principales sources d’hexaldéhyde. Enfin, l’augmentation du renouvellement de l’air du logement diminue les concentrations de ces 3 polluants.
La recherche des facteurs du développement actif de moisissures n’a pas abouti du fait du nombre limité d’observations, mais elle a souligné l’impact possible du type d’isolation thermique, de l’occupation du logement et de la survenue de problèmes d’humidité, d’infiltrations et de dégâts des eaux.
Les facteurs expliquant les différences observées
Les facteurs expliquant les concentrations intérieures en α-pinène, limonène et hexaldéhyde et la présence d’un développement fongique ont été recherchés.
Les 3 sources majeures d’α-pinène sont l’ossature bois, la présence de mobilier en bois dans la pièce de mesure et, pour les logements situés au dernier étage, l’isolant végétal à base de bois placé au niveau des combles. L’introduction de mobilier neuf durant la semaine de mesure et le stockage des produits d’entretien à l’intérieur du logement sont associés à l’augmentation des concentrations en limonène. L’ossature bois et la présence de revêtements de sol à base de bois brut ou reconstitué sont les 2 principales sources d’hexaldéhyde. Enfin, l’augmentation du renouvellement de l’air du logement diminue les concentrations de ces 3 polluants.
La recherche des facteurs du développement actif de moisissures n’a pas abouti du fait du nombre limité d’observations, mais elle a souligné l’impact possible du type d’isolation thermique, de l’occupation du logement et de la survenue de problèmes d’humidité, d’infiltrations et de dégâts des eaux.
Les résultats de l’étude présentés dans le Bulletin de l’OQAI (médiathèque)
Plus d’infos : OQAI.fr