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Lifehaus : concept house inspiré du earthship en mode passif et low-cost

Dans la recherche de l’habitat écologique ultime, le concept Lifehaus est certainement un de ceux qui s’en rapproche le plus. Actuellement, prêt à être implanté à Baskinta, un village du Mont Liban, près de Beyrouth, il a été imaginé par Nizar Haddad, diplômé (DES) en architecture de l’Académie Libanaise des Beaux-Arts qui a crée son agence d’architecture ​NH-Architectes en 2011.

Pousser le concept jusqu’à l’auto-suffisance

L’intérêt de Nizar envers l’autosuffisance totale d’un habitat a faible empreinte carbone, l’a poussé à faire de grandes recherches et à s’approfondir sur ce sujet, pour que ceci se transforme ultérieurement en une passion.

Nizar s’est inspiré de plusieurs architectes, théoriciens et constructeurs du XXeme et XXIeme siècle tels que Michael Reynold et son fameux « Earthship », Malcolm Wells précurseur des maisons enterrées durant les années 50, Wallace Neff, précurseur des maisons bulles durant les années 40, John Hait, physicien des années 80 qui inventa le PAHS, Ianto Evans, Pascal Hausermann, Hassan Fathi et bien d’autres.

maquette – Lifehaus-Lebanon-nh-architecture

Nizar  créa et développa « LIFEHAUS« , un projet qui remet en surface et intègre diverses techniques de construction ancestrales au bord de l’oubli et utilise le savoir des « grands » pour obtenir le prototype le plus optimisé en écologie, en autosuffisance et en économie.
En 2014, le projet LIFEHAUS est né de sa rencontre avec Nadine Mazloum, rédactrice en chef de Newsroom Nomad, un blog sur le Liban et l’environnement. Nizar décida de construire le premier prototype dans son village de Baskinta.

Son concept est clairement basé sur une autosuffisance passive entièrement autonome avec une empreinte carbone minimales, en utilisant des matériaux locaux naturels et recyclés et en remettant en surface les techniques de construction ancestrales oubliées.

Ce premier prototype expérimental du projet LIFEHAUS consiste en un studio composé d’un espace de vie, d’une mezzanine, d’une terrasse, d’une serre potagère, et d’un local technique.

Un confort thermique largement garanti

principe thermique du Lifehaus

Grâce à une conception de stockage et de conservation de la chaleur/fraîcheur dans l’habitat, la rendant disponible presque sans aucun coût supplémentaire, le logement étant enraciné, enfoui sous terre, le rend beaucoup plus résistant à l’activité sismique. Cela permet d’éviter les pertes énergétiques des façades face au vent glacial de l’hiver et à la surchauffe du soleil d’été.  Il économise les multiples traitements et couches de façades, tel le plâtre, la peinture, l’enduit, le revêtement, les grillages métalliques, la maçonnerie, etc. Son toit devient une extension du jardin au sol offrant une meilleure qualité spatiale et flexibilité.

Un système de ventilation enterré “Earth Tubes” est intégré pour assurer une ventilation naturelle fraîche avec une perte énergétique minimale, un système ressemblant au puits canadien, mais avec une meilleure performance. Le concept intègre également l’effet de serre et le « mur Trombe ».

En fonction de la région et du climat, LIFEHAUS intègre plusieurs concepts de constructions ancestrales, y compris la tour à vent, le patio, etc.

Entre les cercles polaires, le système assure une température constante et confortable durant toutes les saisons, en se passant des techniques de chauffage artificiel polluants utilisés dans la maison moderne.

Atteindre l’autonomie électrique au quotidien

L’électricité n’est donc pas nécessaire pour le chauffage et la climatisation, qui eux sont fournis passivement.
Ainsi, LIFEHAUS génère son électricité via les énergies renouvelables : soleil, eau, vent et énergie humaine, en ligne avec les technologies passives modernes. Pour parvenir à une autosuffisance totale en électricité avec un petit ou moyen budget, il est nécessaire de réduire sa consommation électrique, en adoptant plusieurs techniques d’optimisation dont les suivantes :

Récupérer et réduire sa consommation d’eau

Le projet LIFEHAUS favorise la préservation de l’eau grâce à la collecte des eaux pluviales et sa réutilisation trois fois, permettant à son occupant de vivre en autonomie complète. En outre, la réutilisation finale de l’eau pour l’irrigation, mène l’eau à être filtrée à travers les différentes couches du sol pour être stockée dans la nappe phréatique, renforçant ainsi l’eau à reprendre son cycle naturel.

En respectant quelques recommandations et grâce à l’utilisation de technologies respectueuses de l’environnement, la consommation d’eau domestique d’un LIFEHAUS est de 3 fois moins importante que celle des maisons traditionnelles.​

Après avoir été filtrés par les bacs botaniques et une station d’épuration (pour les versions à toilette conventionnelles), les eaux usées domestiques finissent par irriguer les jardins autour de la maison.

 

Travailler sur l’autonomie alimentaire et la réduction des déchets

Le projet LIFEHAUS est conçu pour produire sa propre nourriture dont la viande, les légumes et les fruits. LIFEHAUS dispose de 4 systèmes pour optimiser la surface ainsi que la croissance afin de produire de la nourriture propre et saine, par des techniques d’agriculture :

La surface de terrain nécessaire pour une autosuffisance complète dépend de la région, du climat, de l’altitude, de la faune, de la flore présente, de la fertilité du sol, des abeilles et d’autres facteurs.

Comme le souligne Nizar « la partie concernant la nourriture du LIFEHAUS est la plus complexe et délicate, étant donné qu’elle est directement affectée par la géographie et tous les écosystèmes et populations qu’elle abrite.« 

Les déchets organiques de ces récoltes sont ensuite stockés dans des cellules de compostage, pour se transformer en compost pour le jardin.

Tendant au maximum vers l’autosuffisance, le LIFEHAUS économise au maximum l’utilisation de matériaux non biodégradables, vu qu’il produit directement de la nature tout ce dont il a besoin, évitant les emballages, plastiques et autres. Enfin, l’utilisation des toilettes sèches est encouragée.

Des matériaux autant que possible locaux et à faible énergie grise

Bien que LIFEHAUS n’exclut pas l’utilisation du béton et de l’acier dans sa construction, il tend cependant à réduire leur utilisation. Bien sûr, cela dépend de l’emplacement du site, la disponibilité des matériaux locaux, le temps de réalisation et du budget.

LIFEHAUS intègre 5 catégories de matériaux :

L’enduit et la peinture à la chaux remplacent la peinture industrielle à énergie grise élevée qui dégage des gaz extrêmement toxiques dans la maison. Ils remplacent aussi l’enduit monocouche, le revêtement en pierre naturelle coûteuse, l’acier, l’aluminium et les carreaux de céramique.

Adapter un style de vie sociale plus coopératif

intérieur – Lifehaus-Lebanon-nh-architecture

LIFEHAUS est une expérience sociale vivante où les gens apprennent la confiance et la solidarité afin de construire une communauté. Il crée le contexte idéal pour permettre aux personnes de partager culture, connaissances et techniques de construction ancestrales pour constituer une expérience unique, « loin de la course compétitive et opportuniste des constructeurs traditionnels ».

Créer une petite communauté auto-suffisante est conseillé afin d’élargir et de perfectionner le spectre des compétences, pour ainsi développer une complémentarité des différents domaines au sein du groupe… une communauté dont le seul but est de s’entre-aider pour une meilleur qualité de vie en harmonie avec la nature, pour elle et ses pour générations futures… C’est là, la vraie essence de la vie. C’est le retour aux racines.

 

Un fois le concept construit lors du workshop programmé en 2017, le tout devrait revenir à un prix d’à peu près la moitié du coût moyen d’une maison libanaise non meublée, soit environ 700 € par mètre carré.

 

Notre avis : Finalement, l’élève arrivera t-il à dépasser le maître, Michael Reynolds, pour décliner un concept très proche et tout aussi écologique, mais plus accessible à la réalisation et pour son coût ? Si théoriquement certaines pratiques permettent de réduire considérablement ses consommations d’énergie, il faudra certainement consacrer une personne à plein temps (avec le jardin) pour se charger dans le foyer des nombreuses taches quotidiennes ! Pourtant, dans les tous cas, bien que ce concept se rapproche de l’habitat écologique idéal pour nous, il faudra impérativement l’adapter aux contraintes locales et à son environnement social.

Photos et vidéo : Nharchitectes.com

Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it