N’allez pas croire, en parlant de boites d’échange, que nous allons vous convertir à des pratiques sexuelles que la morale peut parfois choquer. Non, ces boites, appelées aussi à boite à dons, ont une toute autre utilité : favoriser le réemploi.
Nées il y a quelques années en Allemagne, en Suisse, au Canada, en Espagne et en Angleterre, ces boites d’échange débarquent peu à peu en France. Le principe est de mettre ces boites à disposition de ses voisins et des badauds, des livres, jeux, jouets, vêtements ou babioles en tout genre. Vous pouvez déposer des objets dont vous ne vous servez plus et récupérer ceux dont vos voisins n’ont plus l’utilité. Pas de réciprocité, on peut se servir comme on veut sans donner quelque chose en retour. De même que l’on peut donner sans se servir.
Une boîte d’échange est aussi une exploration des rôles et interactions sociales qui peuvent se créer à partir d’un objet posé dans la rue, sans contrôle. Lorsqu’on fait confiance à la population et que l’on met à sa disposition une installation dont le fonctionnement dépend de ses actions, elle se l’approprie, se responsabilise et la fait vivre avec respect.
Happy City Lab s’attache à développer le concept en France. « Une excellente opportunité pour apprendre à connaître un peu mieux les habitants de son quartier. Elles sont des échanges d’idées avec des inconnus. C’est une forme de troc moderne et spontané, cela s’adresse à tout le monde », explique Stéphanie Genelot, importatrice du concept suisse dans l’hexagone. Le projet a pris forme tout d’abord dans la région lyonnaise où on y trouve plus d’une quarantaine de boîtes à partager. Désormais ces boites fleurissent un peu partout en France, comme ici à Conflans Saint-Honorine.
Ces boîtes émanent aussi d’initiatives individuelles d’habitants ou de structures de démocratie participative comme Givebox. Certains organisent des ateliers de fabrication pour susciter encore plus d’initiatives. Chacun y met sa touche d’originalité, certaines boitent se logent dans un vieux frigidaire, d’autres dans d’anciennes boîtes aux lettres ou encore dans d’anciennes cabines téléphoniques.
L’initiative de Dan Acher, un « artiviste » genevois, créateur de Happy City Lab, lui vint d’une expérience personnelle : « Depuis plusieurs années, je descendais sur le muret en face de chez moi les livres, CD ou autres objets dont je n’avais plus besoin. Puis je regardais depuis mon balcon les objets qui étaient adoptés par les passants, les plus prisés dans les 5 minutes, d’autres dans la demi-heure, les derniers enfin dans les heures suivantes. Intéressé par la nouvelle vie de ces objets et par les réactions et interactions créées chez les passants, j’ai mis en place en juin 2011 une première boîte plus officielle dans ma rue afin d’encourager les habitants du quartier à eux aussi faire l’expérience de ce partage. »
Un excellent moyen de concilier vie participative locale ou urbaine avec le réemploi et le recyclage des objets.
Bien qu’on ne peut pas considérer cette démarche comme concurrente des vide-greniers ou d’Emmaüs, gageons que certains maires ne voient pas cette initiative d’un mauvais oeil !