Jean-Pierre nous présente sa maison paille qu’il a auto-construit avec la technique du greb en 2012 dans le Haute-Loire, en Auvergne.
[De l’auto-constructeur] De formation initiale en écologie, lorsqu’est venu le moment de construire ma maison, j’ai choisi la paille. Je pouvais l’obtenir localement par un ami agriculteur et les performances paraissaient intéressantes. Après avoir fait le tour des techniques de construction, mon choix s’est porté sur le GREB, qui reste à mon sens la technique la mieux adaptée à la petite botte car elle est conçue autour et pour la botte.
En tant que thermicien, j’ai travaillé la conception bio-climatique, la gestion de l’espace intérieur et les choix des systèmes pour répondre à plusieurs objectifs : économique en fonctionnement, confort d’hiver et d’été, autonomie future. Résultat une facture de chauffage annuelle de 150 € pour 196 m2 chauffé à 21°C . Ramené au m2, on est bien en deçà des exigences allemandes sur les maisons passives. Mais sans les coûts inhérents aux maisons passives.
La construction se situe à Lamothe à côté de Brioude (43). Elle est réalisée pour une famille de 3 personnes. J’avais auparavant restauré une maison ancienne à 1000 m dans le Cantal que j’ai habité pendant 15 ans. (chaudière à bois déchiqueté sur la fin).
Question terrain, placé dans le périmètre des bâtiments de France, j’avais le choix entre un faîtage orienté face au Sud-Est ou face au Sud Ouest. Après avoir observé les vielles maisons autour du site, j’ai orienté Sud Est, un très bon choix qui apporte un appoint solaire le matin et protège de la chaleur l’après midi.
En RDC : grand espace ouvert, salon cuisine bureau, un autre bureau fermé, salle de bains, WC et chambre. A l’étage, chambre enfant et amis, espace billard et jeux. Salle d’eau et espace rangement.
La solution du GREB, comme je l’ai dit, parce qu’à mon avis la seule réellement adaptée à la botte de paille. Les québécois ont cet esprit pratique qu’ils commencent à prendre une botte et ensuite ils voient l’ossature à mettre autour. Chez nous on a tendance à prendre ce que l’on fait depuis toujours (poteaux poutres) et ensuite on voit comment mettre des bottes dedans (taille, recoupe…..).
Le GREB me permettait en outre à l’époque (on ne peut plus en RT2012) d’isoler verticalement le soubassement et de mettre au sol une dalle non isolée. Cela permettait d’avoir 80 tonnes de sol isolé en périphérie pour apporter de l’inertie. L’inertie était complété par le béton GREB (5 cm ) sur tous les murs extérieurs.
Les cloisons intérieures du RDC ont été réalisées avec une ossature bois, placo de chaque côté et béton GREB assez sec à l’intérieur pour à nouveau faire des cloisons lourdes. Les murs extérieurs sont habillés avec un frein vapeur hygro variable pour l’étanchéité à l’air tout en maintenant la perspirance, espace technique pour les gaines et Fermacell en finition.
Après avoir optimisé l’aspect bio-climatique, l’inertie et le déphasage avec la ouate de cellulose pour le toit, j’ai porté mon choix de système sur un plafond chauffant hydraulique. Ce système a l’avantage de présenter une très faible inertie et donc une très grande réactivité. On utilise de l’eau à 25-28° donc très basse température produite pas une Pompe à chaleur air-eau avec un Cop de 6. C’est ce qui permet d’avoir une facture de chauffage aussi faible et un très bon confort.
Courbes de températures. Elles ont été relevées le premier mois d’octobre ( 2012), 2 mois après l’emménagement. Températures relevées à 9h et 18h intérieur et extérieur. En bas on voit la moyenne baisser de 6.5°c sur le mois et en haut la moyenne intérieure qui baisse de 1°C. Cela met en évidence le travail de l’inertie. Bien sûr, aucun système de chauffage n’a été utilisé pendant ce mois de relevés.
Le deuxième effet kiss cool de se système est de l’avoir couplé à des tuyaux noyés dans les semelles de fondations ( 80 cm sous terre). L’été, on fait circuler de l’eau dans ces tuyaux, l’eau se rafraîchit à 18°c et passe ensuite dans le plafond ( et les murs à l’étage) et ainsi dans un premier temps évacue le trop de chaleur (elle repart à 26°c) et en même temps cela crée une paroi froide qui apporte une sensation de fraîcheur (même ressenti que dans une vieille maison en pierre). Même si le thermomètre reste à 26°c, on a une sensation de frais. Ce rafraîchissement dit passif ( pas de système actif ) revient à quelques euros (5 € cette année) pour l’été entier.
Cette maison est conforme au label BBC en vigueur à l’époque. Moins de 50 kWh/m2.an. L’étude thermique a validé cette performance, le test d’étanchéité à l’air a également validé la valeur nécessaire. Promotelec a donné l’avis technique favorable.
Il s’agit donc d’une des très rares maison BBC paille en France, peut-être la seule. Le diplôme BBC Effinergie n’a pas été obtenu du fait d’une procédure établie entre le réseau français de la construction paille et Promotelec, qui était lourde et surtout extrêmement onéreuse et qui a au final, pénalisé et décourage les demandeurs possibles de ce label. Mais aux yeux de la Règlementation Thermique, la maison est bien BBC.
Photos : J-P Robutti
Plus d’informations sur le blog : le-fil-a-la-paille
Notre avis : un très bel exemple d’une (auto)construction pertinente et évidemment écologique par le choix de ses matériaux et ses performances thermiques. A noter, qu’il est donc pas nécessaire de se laisser embarquer par des labels pour obtenir de telles performances : faites appel à des professionnels aguerris, avec beaucoup de bon sens !