Le chanvre peut-il être une ressource pour le granulé des poêles ?

Dans cette période d’ignorance générale sur comment se chauffer sans charbon, sans gaz naturel et sans dérégler la ressource forestière, l’aubaine d’une nouvelle ressource renouvelable comme le chanvre se répand. Cette approche est venue, encore une fois des USA, (pays de l’invention du poêle à granulés de bois, voir l’article précédent) et du Canada précisément chez les agriculteurs s’étant impliqués dans la culture du chanvre pour le CBD qui se sont retrouvés avec des tas de paille sans valeur jusque là.

L’expérimentation américaine du chanvre en granulé

Vous voyez sur cette photo Andrew T.Neal, fondateur d’un concept de valorisation en granulés de chanvre via un système en « smart box » que vous verrez sur son site. Il pose devant le tas de paille de la très importante entreprise patrimoniale de la vallée de l’Hudson dirigée par des femmes.

eHempHouse founder Andew T. Neal at Hepworth Farm - USA

eHempHouse founder Andew T. Neal at Hepworth Farm – USA

Sur son site, il expose les avantages du chanvre pour remplacer le charbon aux USA, vu que ce dernier représente encore 26 % de la production d’énergie .., mais aussi et surtout dans un premier temps pour remplacer les granulés de bois pour éviter la tendance à la déforestation que cela impliquerait vu l’énormité des besoins aux USA mais ,évidemment, dans le reste du monde !

Il a donc fait ce tableau comparatif avec les granulés issus du bois :

La démarche de facilitation est de mettre toute la paille dans le procédé (bonne chance pour l’outillage de coupe pour l’affinage des tiges avec la partie textile si résistante !! ??) Je retrouve la même assertion chez les producteurs de CBD anglais.

 

Les granulés sont fabriqués à partir de biomasse de chanvre, principalement à partir de la tige de la plante qui peut être compressée en un granulé sans additifs. Ils sont utilisés par des chaudières à grande échelle au Royaume-Uni, en Europe et en Asie pour produire une énergie renouvelable fiable, permettant la transition de la combustion du charbon.« 

 

Heureusement, pour nous éclairer, le leader mondial des machines à granulés (Richi) s’est déjà (et c’est un signal de développement !) penché sur le berceau du chanvre ! Il exporte dans 110 pays ses granulés, et tout ce qui est biomasse pour l’alimentaire des élevages et pour la production d’énergie.

Pour lui, en effet c’est la partie bois du chanvre, la chènevotte qui est utilisée.

Quelle partie du chanvre est utilisée pour produire du Pellet ?

Les pellets de chanvre ne sont produits qu’à partir de la chènevotte. La chènevotte est le noyau ligneux de la plante de chanvre. Tout d’abord, la fibre extérieure est séparée de la plante de chanvre et la fibre sert à fabriquer des vêtements et d’autres produits. De grosses particules de copeaux de chanvre peuvent être utilisées dans la construction en combinaison avec de la chaux. Ce qui reste, ce sont de petites particules de shiv et ces particules qui peuvent être transformées en granulés de chanvre.

Nous rejoignons donc une logique de traitement de la paille que connaît et maîtrise la filière du chanvre de France depuis 60 ans pour pouvoir fournir le marché des papiers spéciaux….

Produire du granulé à partir du chanvre est-il pertinent écologiquement ?

Je pense que ce débouché pour la production d’énergie lui ferait perdre en cohérence de son image de marque, qui est celle de lutter contre le dérèglement climatique en extrayant le CO2 excédentaire de l’atmosphère puis en le stockant dans des applications durables parce que recyclables.

Là nous n’apportons plus de gain en CO2 extrait de l’atmosphère par les quatre mois de croissance du chanvre. Mais évidemment par rapport à l’usage du charbon que l’on éviterait de brûler cela peut apparaître comme une amélioration. Admettons, il nous faut apprécier alors la quantité de surface arable à exploiter pour permettre cette avancée en tenant compte précisément des besoins d’une centrale thermique qui veut remplacer le charbon par des granulés de bois . C’est le cas par exemple de l’unité du CPCU de St Ouen https://www.cpcu.fr/ : son besoin actuel avec 50 % de remplacement de charbon est de 140 000 T par an …. alors que le bois représente que 6 % des fournitures du réseau de chaleur pour la ville de Paris …

Alors revenons aux chiffres officiels d’Interchanvre qui m’avaient servi à vous expliquer les mutations dans les applications du chanvre depuis 60 ans dans les premiers numéros de Chanvrorama :

Donc si on a récolté par exemple la moyenne de 6 T de paille on a une capacité de fournir presque 3 T/Ha de chènevotte (à la louche bien sûr ! Ces chiffres sont là pour donner un ordre de grandeur) . En conséquence, il faudrait déjà plus de 45 000 ha pour répondre aux besoins partiels du CPCU – si on lit le graphique , il faudrait multiplier ces surfaces par 10 pour remplacer ses besoins en charbon et en gaz naturel. (Pour rappel nous avions 20 000 ha en 2020 ,surfaces que l’on a mis dix ans à doubler …) Il est donc bien présomptueux de positionner le chanvre comme un futur acteur de masse dans la fourniture d’énergie !

De fait, bouleverser le délicat équilibre des applications de la plante pour ce nouveau débouché aurait des répercussions négatives sur le développement de la filière principale exploitant la chènevotte : le Bâtiment ! Toute coopérative de chanvre le vit : il faut arriver à vendre toutes les parties du chanvre pour en sortir bénéficiaire ! Par contre, étudier les débouchés locaux pour les propriétaires de poêle à granulés de bois ou d’une chaudière pour une Collectivité locale proches de la Coopérative à partir des déchets de décortication de la tige, (22 %) comme on le fait déjà pour l’énergie – méthanisation – me semble la voie la plus sage !

Quelques éléments complémentaires sur le chanvre en granulé

La valeur PCI du chanvre : 4300, donc moins que les granulés de bois moyens (4600)

 

Actuellement, c’est l’industrie du bois qui a vraiment stimulé le marché des granulés combustibles. Les granulés de bois produisent une teneur en cendres beaucoup plus faible que les granulés d’herbe, de foin ou de paille. De plus, les granulés d’herbe, de foin et de paille peuvent créer des problèmes importants de corrosion dans le poêle à granulés ou la chaudière. Cependant, les granulés de chanvre ont des qualités de combustion très similaires aux granulés de bois, mais sont fabriqués à partir d’une matière première beaucoup plus durable.« 

Le processus de fabrication du pellet avec du chanvre

La première étape consiste à ramasser le chanvre fauché. C’est après avoir ramassé les matériaux que l’on est censé les étendre au soleil pour les faire sécher, tout en les étendant en couche mince après quoi on fait un boulochage.

La deuxième étape consiste à démarrer le moulin à granulés et à le préchauffer pendant quelques minutes. Ceci est fait pour s’assurer que le chanvre est mis à l’intérieur de la machine, le peu d’humidité restante est séchée. Il est également fait pour faire fondre la partie lignine du chanvre pour permettre le collage qui permet aux granulés résultants de se réunir.

Troisièmement, un conteneur est placé sous la goulotte de la machine à granulés de chanvre. Ce conteneur sert de fosse de collecte pour les granulés résultants.

La quatrième étape consiste à ajuster la teneur en humidité en fonction des granulés finis. Ce processus implique d’accéder aux granulés prêts où, si les granulés sont friables, cela implique que les granulés sont très secs et que le chanvre doit donc être mélangé avec de l’eau. Les granulés pâteux nécessitent donc que les granulés aient une forte teneur en humidité et que le chanvre soit donc séché plus longtemps au soleil.

La cinquième étape consiste à refroidir les granulés à l’air avant de les stocker. Cette étape les prépare pour la combustion et on peut donc les utiliser confortablement comme combustible.

La dernière étape consiste généralement à collecter les pellets non dépensés et à les stocker dans des sacs pour une utilisation future.

 

André Ravachol est consultant en développement durable et problématiques environnementales, spécialisé dans le chanvre depuis 25 ans. Il est le fondateur et concepteur de plasticana pionnier dans l’incorporation du chanvre dans les plastiques depuis 1998. Il fait la promotion d’une plasturgie réduisant sa dépendance au pétrole et devenant une matrice d’accueil pour une partie végétale ayant extrait du co2 excédentaire de l’atmosphère. Il fait appel aux collectivités et aux entreprises pour comptabiliser leurs achats en matériaux et produits stockant ce carbone biosourcé.

Avec l’aimable autorisation d’André Ravachol, Plasticana et Chanvrier de Coeur

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Pascal Faucompré
Editeur et Rédacteur en chef de Build Green, le média participatif sur l'habitat écologique et pertinent. Passionné par le sujet de l’éco-construction depuis 2010. Également animateur de nombreux réseaux sociaux depuis 2011 et d'une revue de web sur : Scoop.it

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