Faut-il se préparer à un hiver compliqué en matière d’approvisionnement de l’électricité ? Pourquoi des coupures de courant pourraient être problématiques dans votre quotidien ? Et surtout comment se préparer à un risque de black-out ? Voici quelques éléments de réponse dans notre dossier ci-dessous.
L’information est peut-être passée inaperçue mais déjà en 2021/2022, certains doutaient de la capacité d’EDF à fournir une électricité constante sur toute la France. Et finalement, la production nucléaire a été la plus faible depuis longtemps pendant cette période hivernale (moins de 50 TWh au lieu de 58 en 2017/2018 par exemple). Or, pour compenser les failles du nucléaire (en grande partie dues à des réacteurs en maintenance), la France a dû importer l’électricité au prix fort (d’Allemagne, Suisse et Espagne) et augmenter les capacités de production de ses centrales à gaz, à fioul et de réactiver ses 2 dernières centrales à charbon en passe de fermer. Ce qui, au final, a valu un surcoût, sur la facture d’EDF, de plusieurs milliards d’euros et de contraindre ainsi le gouvernement à renationaliser l’entreprise, pour éviter la faillite ! Un contexte donc très défavorable qui a donné des sueurs froides aux ingénieurs de l’opérateur pendant cet hiver.
A cela s’ajoutent quelques erreurs d’opérations venant alourdir la facture sur un réseau déjà largement sollicité par la situation actuelle.
Les raisons d’un black-out électrique potentiel
Le mot est lâché et loin d’être un tabou. En cas d’hiver très rude, le régulateur RTE pourrait procéder à des coupures d’électricité ciblée. Comment en est-on arrivé là ? Ne chargeons pas la barque sur le seul opérateur EDF. C’est surtout le résultat d’une dizaine d’années d’inaction politique, alors que dès 2015, le parlement promulguait sa 1ère LOI n° 2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
Et cette loi avait pour but d’atteindre plusieurs objectifs, dont notamment :
- Réduire la consommation énergétique (la diviser par 2 d’ici 2050 par rapport aux niveaux de 2012)
- Réduire la consommation énergétique primaire d’énergies fossiles (-30% d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 2012)
- Augmenter la part des énergies renouvelables dans notre consommation énergétique (jusqu’à 32% en 2030)
- Porter la part du nucléaire dans la production d’électricité à 50 % à l’horizon 2025 (cet objectif a depuis été modifié)
- Améliorer les performances énergétiques des bâtiments
A noter un élément important : l’électricité représente 45% de nos besoins en énergie primaire. Nous devons importer également du pétrole (28%), du gaz naturel (16%), du bois (7,7%) et du charbon (2,5%) pour subvenir à nos différents besoins (mobilité, chauffage, industrie, …).
Or, si on regarde la seule part des énergies renouvelables, la France est le seul pays européen à ne pas avoir respecté ses engagements et donc avoir pris beaucoup de retard sur ses objectifs.
Pendant ce temps-là, EDF s’est embourbée dans l’entretien de son vieux parc nucléaire, avec des mises aux normes consécutives à l’événement de Fukushima et surtout la découverte de fissures suite à de la corrosion sous contrainte de tuyauteries connectées au circuit primaire principal de réacteurs nucléaires, pourtant les plus récents d’EDF. Cela mis hors circuit une douzaine de réacteurs en 2022 alors que le parc en activité était le plus bas historique (32 réacteurs sur 56 à l’arrêt).
Or, même si l’état français avait quelque espoir de voir démarrer le 1er EPR sur le territoire, à Flamanville en Normandie, d’une puissance initiale de 1.65 GW, il ne sera probablement pas totalement actif avant fin 2023, et à seulement 60% de ses capacités, suite à de nombreux défauts de conception, et après un surcoût de 10 milliards d’euros pour un retard de 12 ans (minimum) de construction. Un véritable fiasco industriel !
Du coup, la France n’a jamais autant importée d’électricité qu’en 2022. Et même si le gouvernement met la pression à EDF pour rendre disponible au plus vite ces réacteurs à l’arrêt, elle va continuer à importer massivement de l’électricité sur l’hiver 2022, non seulement au prix fort (compte tenu de la loi de marché) mais surtout à un impact carbone bien plus élevé, puisqu’on doit faire tourner des centrales au gaz, charbon et même pétrole !
Le retard pris sur les énergies renouvelables, pourtant très rentable, se fait non seulement durement ressentir et nous oblige à plus de sobriété, dans un monde où la fin de l’abondance a sonné.
Autant dire que les marges de puissances disponibles pour le pays sont faibles, et pourraient même être négatives si l’hiver 2022/2023 présente des pics importants de périodes froides. Surtout que du côté des autres énergies pour le chauffage, que ce soit le fioul ou les granulés de bois, les pénuries menacent !! Même le gaz est concerné, malgré un stock rempli à 95%.
Un dispositif vient compléter les différentes mesures du plan de sobriété, Ecowatt, pour vous avertir en cas de risque de coupure.
Au final, nous avons tous une part de responsabilité dans cette situation, certainement par manque de connaissance du sujet. Nous avons privilégié depuis 30 ans d’autres intérêts dans nos foyers, comme la surface du bien (bien trop grand), les loisirs (dont les voyages) et l’automobile, mais malheureusement au détriment de l’efficacité énergétique. Du coup, nos logements sont très mal isolés avec moins de 5% des logements classés A ou B sur le parc immobilier.
Les conséquences d’un black-out
Ainsi, si l’hiver devait s’annoncer trop rude au niveau météorologique, RTE – l’entreprise qui gère le réseau de transport d’électricité en France – pourrait actionner des leviers afin d’ajuster l’offre et la demande d’énergie.
Interruptibilité, baisse de tension et coupures d’électricité
Le mécanisme d’interruptibilité concerne, d’après RTE, « des industries volontaires qui consomment beaucoup d’électricité peuvent être coupées en quelques secondes » (entre 15 minutes et une heure, dix fois maximum sur une année) pour soulager le réseau. Or RTE a rarement recours à ce mécanisme, « une fois en 2019 et une autre fois en 2020 ces dernières années« . Ce qui donne quelque signe de régularité, si on ajoute 2022 !
Les deux autres leviers plus extrêmes n’ont, quant à eux, « jamais été utilisés en France jusqu’à aujourd’hui« , affirme le spécialiste de l’énergie : « RTE peut légèrement baisser, temporairement, la tension sur le réseau électrique français afin de le soulager un peu. Elle peut enfin recourir aux coupures d’électricité (« temporaires, anticipées, localisées et tournantes » selon la RTE) pour des particuliers et des entreprises pendant une durée de deux heures maximum. »
Autant dire que, compte tenu de l’état du réseau, on peut s’attendre à quelques surprises !
Quelles seraient les conséquences de ces coupures d’électricité ?
Les risques de coupures impactent directement les équipements électriques et électroniques, de plus en plus nombreux à envahir notre vie quotidienne, mais pas que !
Les conséquences directes d’une coupure de courant.
Dans un premier temps, vous serez directement impacté par l’impossibilité d’utiliser :
- l’éclairage (sauf les bougies, éclairages sur piles et batteries)
- le chauffage (beaucoup ont besoin d’électricité pour fonctionner : poêles à pellets, chaudières)
- l’électroménager (plaques électriques, machines, réfrigérateur, congélateur, etc.)
- la sécurité (les alarmes, sauf si batteries)
- l’eau courante (sauf si vous êtes sur un réseau de distribution par gravité)
- TV/internet/téléphone (dans les cas extrêmes d’interruptibilité!)
- votre voiture électrique (selon votre usage)
Si ces coupures peuvent avoir un impact limité en fonction de la durée de celles-ci, plus elles seront longues, plus les conséquences seront importantes.
Les conséquences indirectes d’une coupure de courant
Le plus souvent, si les coupures s’allongent, vous pourrez être amené à des pertes d’aliments (réfrigérateur, congélateur). Ainsi, d’après une étude réalisée en 1994 par RTE, qui cherchait à mesurer les conséquences des coupures de courant auprès de 1 550 ménages et entreprises, les pannes supérieures à trois minutes coûtent en moyenne 19 euros par kilowattheure pour les particuliers, et la valeur des aliments placés au congélateur et qu’il faut jeter peut s’élever jusqu’à 350 euros (120 euros en moyenne).
Mais là où les dommages peuvent être plus importants, c’est quand cela touche aux équipements informatiques et électroniques, les pertes peuvent atteindre plusieurs milliers d’euros !
Autre conséquence indirecte, bien que quelques services publics (dont les hôpitaux) et quelques entreprises soient équipées pour limiter les risques d’un black-out, d’autres entreprises et commerces peuvent être impactés par les coupures d’électricité, comme c’est le cas pour :
- les stations essence
- les supermarchés
- les transports en commun (train, métro, tramway, …)
- les feux de signalisations (avec les pagailles que cela pourrait générer)
- …
Il est certain que les ingénieurs de chez RTE et EDF mesurent avec pertinence le ciblage des coupures. Pourtant, on l’a vu dans différents cas, qu’elles soient volontaires, comme une grève (chez EDF en juin 2022 à Angers) ou involontaire, suite à une tempête, les conséquences des coupures peuvent être démultipliées dans une situation météorologique extrême (grand froid, tempête de neige ou par grand verglas).
Comment éviter un black-out ?
Si vous lisez cet article, c’est sans doute que vous souhaitez garantir votre accès à l’énergie et ce peu importe les crises qui se succèdent depuis le début de la décennie.
Il existe une foultitude de solutions techniques qui parfois même se révèlent être des investissements à long terme, pouvant améliorer votre niveau de vie, voire celui de vos enfants.
Alors, laquelle choisir pour devenir autonome ?
Parmi toutes ces solutions, certaines se distinguent par leur côté écologique. Nous allons creuser avec vous une solution qui nous a convaincu, car elle fera dire à vos enfants que vous avez non seulement œuvré pour conserver leur portefeuille mais également leur planète.
Nous faisons bien évidemment référence à l’énergie solaire, gratuite et écologique par définition. Cependant, tous les types d’installations solaires ne se valent pas et il est important de choisir avec soin l’installation qui vous accompagnera pour le prochain demi-siècle.
Il existe trois principaux types d’installation solaire :
- Autoconsommation sans revente d’énergie
Vous consommez ce que vous produisez et le réseau EDF prend le relai en cas de production insuffisante. Le surplus est stocké ou perdu
- Autoconsommation avec revente d’énergie
Vous consommez ce que vous produisez et le réseau EDF prend le relai en cas de production insuffisante. Le surplus est stocké ou revendu
- Autonomie complète
Vous consommez ce que vous produisez et vous n’êtes pas connecté au réseau EDF
A savoir : il existe aussi la possibilité de revendre la totalité de sa production photovoltaïque à EDF, ce qui vous laissera exposé aux perturbations du réseau.
Par réflexe, l’autoconsommation avec revente d’énergie est souvent adoptée par les Français soucieux d’optimiser énergie, écologie et trésorerie.
Là où le bas blesse, c’est lorsqu’on prend conscience du guide UTE C 15-712 (faisant figure de norme et traitant des installations photovoltaïques) qui nous indique qu’une installation solaire est considérée comme une centrale de production d’énergie.
Toute centrale émettant une production sur le réseau, en plus d’être soumise à une redevance annuelle, doit donc interrompre sa production pour protéger le personnel travaillant éventuellement à la maintenance du réseau et le réseau en lui-même.
En terme d’autonomie, il semblerait qu’on ait connu mieux.
Pour pallier cet état de fait, vous pouvez toutefois avoir recours à un système sans revente d’énergie et ainsi vous affranchir des normes liées aux centrales de production. Cela permet donc à l’installation de demeurer autonome en cas de coupure réseau.
Pour bénéficier d’une réelle autonomie, il convient de coupler la production solaire à un système de stockage, le plus répandu étant le stockage batteries.
Les batteries sont un investissement conséquent et on pourrait également penser que faire l’impasse sur la revente (d’électricité), c’est faire une croix sur le futur budget vacances ou les cadeaux de Noël. En réalité, l’investissement batterie, essentiel pour l’autonomie désirée, augmente les économies et/ou revenus réalisés avec la production solaire.
En effet, en plus d’être une solution d’alimentation en cas de coupure réseau, tant diurne que nocturne, le stockage vous sera également bien utile au quotidien afin de réduire voire de supprimer votre facture d’énergie, grâce à l’autoconsommation complète de celle-ci.
Concernant la revente, il y a de fortes chances que la différence à l’année soit minime tout en vous permettant de conserver une rente future régulière.
Pour s’en rendre compte il suffit de comparer les prix de rachat de l’électricité solaire par EDF aux prix d’achat de l’électricité par un client sur le réseau.
Pour une installation en autoconsommation, l’électricité produite par un particulier sera rachetée entre 6 et 10 centimes par kWh contre un prix d’achat au réseau (tarif bleu heures creuses EDF) fixé entre 14,70 et 18,41 centimes par kWh. Il semble donc pertinent d’explorer la rentabilité réelle d’une revente ou non au réseau et surtout de l’autoconsommation de notre énergie.
Pour vous donner une idée du degré d’autoconsommation ainsi que du rendement financier d’une installation, voici un simulateur qui propose un rapide tour d’horizon sur la question.
A savoir : il est bon de rappeler que les panneaux solaires sont largement recyclables (aux alentours de 94,7%) et certaines batteries, notamment les lithium-fer-phosphate (LiFePO4), disposent de cellules 100% recyclables.
Vous avez maintenant une solution qui paraît rentable et écolo. C’est bien beau sur le papier, il faut maintenant la dimensionner à vos besoins pour voir ce que cela peut donner en vrai.
Le dimensionnement d’un tel système dépend de nombreux facteurs, tels que le positionnement géographique de l’installation, l’espace disponible en toiture ou au sol, l’inclinaison des panneaux, l’albédo… Et bien-sûr le nombre de batteries à installer. Car ce sont elles qui permettent l’autonomie en tout temps et dictent une bonne partie de l’autoconsommation par effet tampon, venant ainsi compenser la production irrégulière des panneaux.
Un autre facteur souvent négligé et pourtant décisif est celui de la durée de vie de l’installation. Pour vous donner une idée, des panneaux de bonne facture* peuvent durer entre 40 et 50 ans et les batteries LiFePO4 utilisées correctement peuvent facilement atteindre 20-25 ans sans encombres.
En effet, le LiFePO4 ne se détériore pas avec le temps, sa durée de vie s’exprime en cycles de charge/décharge (entre 2500 et 8000 cycles, soit environ 8 à 26 ans avant de tomber sous la barre des 90% de capacité de charge) et ce nombre de cycles dépend de la sollicitation des batteries tout au long de leur durée de vie.
Une astuce consiste à dimensionner vos batteries en fonction du temps que vous souhaitez conserver votre installation :
- Un faible nombre de batteries sera synonyme d’une forte sollicitation de celles-ci, engendrant par ricochet une diminution du nombre de cycles.
Cette stratégie peut se révéler intéressante pour bénéficier d’un changement plus régulier des batteries et donc profiter des dernières innovations.
- Un nombre plus important de batteries reviendra donc à augmenter le nombre de cycles ainsi que l’effet tampon, essentiel à l’autoconsommation et bien évidemment l’autonomie de l’installation.
- Une dernière solution sera de poser un maximum de panneaux sans batterie pour débuter une production avec ou sans revente. Ainsi, on commence à générer des bénéfices qui seront destinés à financer l’installation de batteries.
A vous donc de choisir selon vos plans pour l’avenir.
Avec l’aimable participation d’Anthony Fourcault de GEAR Énergie (sur la partie des solutions)
Crédits Photos : Tom, Alexa, Ralf Vetterle, Lorenzo Cafaro de Pixabay
* Une gamme complète de panneaux solaires est en préparation chez GEAR Énergie. Si vous avez un projet, vous pouvez d’ores et déjà les contacter via leur formulaire.
bonjour
vous parlez de panneaux solaires c’est bien mais quand l’installation n’est pas possible quels son les autres moyens d’économiser l’électricité ? merci !
Bonjour @Usclat,
Le sujet de l’article est centré sur le black-out. Les panneaux solaires ne sont là que pour produire de l’électricité si vous êtes en auto-consommation.
L’idéal est de coupler cette production à des batteries. C’est un gros investissement, mais quand on est en auto-consommation, c’est très vite rentabilisé.
Et si vous n’avez pas de panneaux solaires, vous pouvez aussi stocker l’électricité en cas de coupure de courant. Pratique !